L’ex-Premier ministre togolais Gilbert Houngbo, président adjoint de l’organisation international du Travail (OIT), est en visite depuis mardi au Bangladesh suite à l’effondrement de l’usine de la marque de textile britannique Primark, qui a fait plus de 380 morts chez les employés. A la tête de l’OIT depuis février 2013, il livre à Afrik.com ses ambitions au sein de l’organisation en commençant par faire de l’emploi des jeunes une question prioritaire. Entretien.
Nommé Premier ministre en septembre 2008 par le président togolais Faure Gnassingbé, Gilbert Houngbo a démissionné de ses fonctions le 13 juillet 2012. A son arrivée à la tête du gouvernement, il a œuvré pour rétablir les finances publiques et apaiser les tensions politiques. En février 2013, il est nommé directeur adjoint de l’organisation internationale du Travail (OIT).
Afrik.com : Quel est le but de votre voyage au Bangladesh ?
Gilbert Houngbo : Je souhaiterais déjà présenter mes condoléances aux familles des victimes de ce drame qui a ébranlé le pays. Nous allons aussi voir comment cette tragédie est arrivée dans le pays pour éviter que cela se reproduise à l’avenir. Avec les autorités du Bangladesh, nous allons aussi parler des questions de sécurité au travail qui sont primordiales pour les employés ! L’idée est de voir comment nous pouvons améliorer leurs conditions de travail. Au Bangladesh, des milliers de personnes travaillent dans l’industrie du textile. Ce qui signifie que beaucoup dépendent de cette industrie. Nous allons donc profiter de ce voyage pour parler de leurs conditions de travail avec les autorités du pays.
Afrik.com : Que dîtes-vous à la société britannique Primark désignée comme coupable dans ce drame par les travailleurs du textile ?
Gilbert Houngbo : Je ne pense pas qu’il soit judicieux de désigner un coupable. Il faut que nous trouvions une solution qui puisse améliorer les conditions de travail de tous les travailleurs dans ce domaine. Vous savez au Bengladesh, il y a plus d’une vingtaine de société étrangères du textile qui emploient énormément de monde. Bien évidemment la sécurité des bâtiments dans lesquels travaillent les employés est primordiale. Nous devons nous assurer que toutes les normes de sécurité y sont respectées.
Afrik.com : Que pensez-vous des conditions de travail en Afrique. Il y a-t-il eu des améliorations ces dernières années ?
Gilbert Houngbo : Il est certain que beaucoup de progrès ont été fait en Afrique concernant les conditions de travail. Il y a vraiment une amélioration notoire. En Afrique subsaharienne notamment, qui est la zone la plus en difficulté du continent, il y a eu beaucoup de progrès en matière concernant la sécurité du travail. L’évolution significative est qu’il y a eu une prise de conscience, qu’il fallait améliorer les conditions de travail des employés et assurer leur sécurité. Mais dire qu’il n’y a plus rien à faire dans ce domaine serait mensonger. Bien évidemment il y a encore beaucoup à faire.
Afrik.com : Quels sont donc les progrès à mener pour améliorer les conditions de travail en Afrique ?
Gilbert Houngbo : Il faudrait inciter les gouvernements, les travailleurs, syndicats et employeurs à travailler ensemble, à se concerter régulièrement pour trouver des solutions qui puissent convenir les différentes parties. Il y a des conventions internationales concernant le travail. Ces normes doivent impérativement être respectées.
Afrik.com : Quels sont les objectifs que vous souhaiteriez atteindre lors de votre mandat ?
Gilbert Houngbo : Nous souhaiterions mettre la question de l’emploi des jeunes au cœur du débat. Elle doit être une priorité, notamment en Afrique. Nous voulons aussi permettre la réduction des inégalités en incitant à la création d’emplois mieux rémunérés. L’objectif est que les travailleurs aient un emploi décent et une rémunération qui puissent leur permettre de subvenir à leurs besoins. La réduction des inégalités et le développement des Petites et moyennes entreprises (PME) est donc au cœur de nos projets. Pour mettre en place ces politiques de développement, nous allons travailler concrètement avec les gouvernements.
Afrik.com : Vous étiez l’ex-chef du gouvernement togolais avant de présenter votre démission en septembre 2008. Comptez-vous un jour vous engagez à nouveau dans la vie politique de votre pays?
Gilbert Houngbo : Non. C’est terminé.
Afrik.com : Pourquoi ?
Gilbert Houngbo : J’ai mes raisons.