Ghana : une réouverture des écoles sur fond d’inquiétudes


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Des écoliers
Des écoliers

Après dix mois de vacances en raison de la pandémie de Covid-19, les écoliers et élèves ghanéens sont de nouveau attendus dans les écoles, collèges et lycées, dès lundi. Une reprise des cours teintée d’inquiétudes.

Ça fait presque un an, en tout cas dix mois que les écoliers et élèves ghanéens sont à la maison, à la suite de la fermeture des écoles, collèges et lycées, à cause de la pandémie de Covid-19, en mars 2020. C’est seulement le 9 janvier 2021 que les universités, elles-mêmes fermées, ont rouvert leurs portes. Aux niveaux primaire et secondaire, la reprise est prévue pour le lundi 18 janvier. Déjà ce vendredi, certaines écoles ont commencé à s’apprêter à cette reprise, à travers des opérations de nettoyage et de désinfection.

Le Ghana fait partie des pays ayant maintenu les élèves le plus longtemps à la maison sur tout le continent ; et à cette veille de la réouverture des classes, les enseignants s’inquiètent de la baisse éventuelle du niveau de leurs apprenants qui, étant restés déconnectés des cours pendant dix mois, auraient certainement désappris. Les cours en ligne n’ont marché que pour une minorité des apprenants, des privilégiés. Dans la plupart des cas, principalement dans les régions démunies, les élèves sont restés tout le temps sans rien apprendre.

« Dans ma communauté, les élèves n’ont quasiment rien appris. Les cours en ligne n’ont pas fonctionné, durant tout ce temps, ils ont oublié tout ce qu’on leur a appris. Maintenant ils sont censés passer en classe supérieure, mais nous avons besoin d’au moins cinq semaines pour rattraper tout le contenu de l’an dernier, avant de passer au niveau suivant », confirme un instituteur.

Pour cette reprise des cours, un protocole sanitaire strict est prévu par les autorités : désinfection de toutes les salles de classe, port du masque, lavage des mains avant chaque cours, distanciation physique. Le respect de toutes ces mesures est l’autre source d’inquiétude pour les acteurs de l’éducation au Ghana. Comment réussir à faire porter le masque aux plus jeunes ? Comment respecter la distanciation physique dans des classes à effectifs élevés, allant parfois jusqu’à 70 élèves ?

Voilà l’équation que les responsables d’établissements scolaires sont appelés à résoudre. A cela s’ajoutent les risques de déscolarisation qui ont notoirement augmenté au cours de ces mois d’inactivité. Parlant de ses camarades, Sumaya Tijani, une élève de 15 ans, confie : « Beaucoup de filles sont tombées enceintes ces derniers mois. Et, quand on a un bébé à mon âge, on ne retourne pas à l’école ». Une autre paire de manches pour le système éducatif ghanéen.


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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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