Ghana : les élections en péril face à la crise économique


Lecture 3 min.
Mahamudu Bawumia présidentielle

Alors que le Ghana s’apprête à élire son futur président le 7 décembre prochain, une ombre inquiétante plan sur le processus électoral : la profonde crise économique qui traverse le pays.

Entre restructuration de la dette, inflation galopante et mécontentement populaire, l’avenir politique du Ghana semble intimement lié à la situation économique actuelle.

Une économie en chute libre

Depuis 2019, l’économie ghanéenne a connu une dégradation spectaculaire. La dette publique, qui représentait 63 % du PIB en 2019, a bondi à 92,7 % en 2022. Cette explosion de l’endettement a été alimentée par des emprunts excessifs, les conséquences de la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine. La monnaie nationale, le cedi, s’est dépréciée à un rythme alarmant, tandis que l’inflation a atteint un sommet historique de 54 %.

Pour éviter un effondrement complet, le Ghana a sollicité un plan de sauvetage de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI). Mais ce sauvetage a eu un coût élevé. Il a occasionné une restructuration de la dette intérieure sans précédent sur le continent africain. Cette mesure a contraint les détenteurs d’obligations à accepter des rendements réduits et des échéances prolongées. Elle a ainsi ébranlé la confiance de nombreux citoyens et entreprises.

Des vies bouleversées par la restructuration

L’impact de cette crise se reflète dans les témoignages poignants de citoyens. Les entreprises ne sont pas épargnées. Une start-up basée à Accra a dû licencier plusieurs employés après avoir vu ses disponibilités bloquées par la restructuration de 2 millions de cédis ghanéens. Ce tableau sombre illustre l’ampleur des défis auxquels font face non seulement les individus, mais aussi l’ensemble du tissu économique.

Une frustration croissante contre le pouvoir en place

Dans ce contexte, la colère des citoyens envers le gouvernement actuel ne cesse de croître. Le vice-président Mahamudu Bawumia, candidat du Nouveau Parti patriotique (NPP) au pouvoir, est directement visé par ce mécontentement. De nombreux électeurs reprochent à son administration d’avoir introduit des mesures drastiques telles que la décote sur la dette.

Les enjeux de l’élection

Face à Mahamudu Bawumia, l’ancien président John Dramani Mahama, candidat au Congrès national démocratique (NDC), promet une alternative. Sa campagne se concentre sur des solutions pour réduire le coût de la vie et relancer une économie en souffrance.

Cependant, la tâche s’annonce ardue. Le FMI estime que la reprise économique du Ghana nécessitera des réformes structurelles profondes. Pendant ce temps, les électeurs restent sceptiques, ayant vu le pays faire appel au FMI à 17 reprises depuis son indépendance, souvent sans résultats durables.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News