Le cabinet d’analyse de géopolitique africaine Géo-Ecostrapol vient d’être inauguré au Congo Brazzaville. Son objectif : offrir aux différents acteurs du développement un cadre qui leur permettra d’élaborer des stratégies en fonction du contexte mondial. Précisions d’Anatole Collinet Makosso, directeur exécutif.
Cela faisait des mois que le projet était en préparation, il est maintenant mûr. Le 2 février, à Pointe-Noire (Congo Brazzaville), le nouveau cabinet d’analyse Géo-Ecostrapol a officiellement été lancé. « Géo-Ecostrapol », un nom qui fait office de diminutif pour « géo-économie, géostratégie et géopolitique ». L’objectif de cette structure, composée notamment de chercheurs internationaux, est de permettre aux divers acteurs des pays africains de mettre en place des stratégies tenant compte de la mondialisation. Le magistrat Anatole Collinet Makosso, le directeur exécutif, nous précise le fonctionnement de Géo-Ecostrapol.
Afrik.com : Comment est né Géo-Ecostrapol ?
Anatole Collinet Makosso : Ce concept est né d’un rêve. Celui de mettre en place un petit cabinet de veille politique qui permettrait aux acteurs économiques et aux entreprises de se développer en s’appuyant sur ce qui se passe au niveau national et international. Avec des amis, dont des chercheurs en communication, nous avons donc monté Géo-Ecostrapol.
Afrik.com : A qui s’adresse le cabinet ?
Anatole Collinet Makosso : Notre objectif est de cibler les décideurs de tous les domaines, politique ou des affaires, car ce sont des faiseurs d’opinion. Nous voulons leur offrir un organe de réflexion qui leur donnera les rudiments nécessaires pour travailler efficacement. Nous espérons que nos analyses influenceront positivement leurs décisions.
Afrik.com : Quels services proposez-vous ?
Anatole Collinet Makosso : Comme on dit, on ne peut pas être dans la rue et se regarder dans la rue. Nous avons le regard distancié que ces acteurs n’ont pas. Même avec un entourage d’experts, ils n’ont pas le recul nécessaire pour voir les erreurs de leur stratégie. Les entreprises font la promotion au plan local, or notre étude va au-delà de cela. Nous voulons leur apporter une vision différente de celle qu’elles pensent être la bonne, qu’elles profitent de notre regard différent et du contexte international de mondialisation. Nous voulons apporter aux dirigeants, aux personnels administratifs, aux politiciens ou chefs d’entreprise notre plus-value.
Afrik.com : De tels services existent déjà. Pourquoi vous choisir vous et pas une autre structure ?
Anatole Collinet Makosso : On peut avoir entendu vingt fois des conseils, mais s’ils ne sont pas appliqués, c’est qu’ils ont été mal entendu, mal présentés et mal compris. Ils valent alors la peine d’être redits. Nous savons que nous ne sommes pas uniques, mais nous voulons nous démarquer de ce qui existe déjà. Nos analyses ne sont pas partisanes et nous sommes loin de la surenchère, ce qui peut être un atout. De même que notre sérieux et notre relative expérience.
Afrik.com : Comptez-vous aussi aider les acteurs du secteur informel, qui représentent dans la plupart des pays africains le moteur de l’économie ?
Anatole Collinet Makosso : Nous pouvons constituer pour eux un cadre d’organisation et de formation. Dans le domaine des relations internationales, un facteur fait couler beaucoup d’encre : celui des migrations. Le secteur informel est mal organisé. Des jeunes dépensent entre 4 000 et 6 000 euros pour prendre un visa dans un pays occidental. Nous voulons leur montrer qu’ils peuvent plutôt se servir de cet argent pour monter des projets crédibles et ainsi générer une hausse des revenus qui leur permettra de multiplier les voyages en Europe.
Afrik.com : Quel sera le rôle de votre système de veille institutionnel ?
Anatole Collinet Makosso : Il aura pour mission d’anticiper sur les événements, de réfléchir dessus et de déterminer leurs conséquences éventuelles. L’idée est de ne pas attendre qu’une catastrophe arrive pour réagir.
Afrik.com : Comment se passera la formation des différents acteurs ?
Anatole Collinet Makosso : Les modules de formation seront donnés au Congo, de mars à juin. Ceux qui voudront le faire en France pourront, mais nous voulons conserver un cadre africain pour ne pas paralyser les administrations pour rien. Les acquis seront validés par un diplôme ou un certificat.
Afrik.com : Pourquoi avoir consacré le premier livre des chercheurs de Géo-Ecostrapol, RDCongo, les élections, et après ?, à la République Démocratique du Congo ?
Anatole Collinet Makosso : L’idée était de mener une réflexion avec les acteurs mêmes de la RDC pour permettre la gestion du pays après la transition. Ce pays, qui a connu ses premières élections depuis 50 ans, est très important de par son positionnement géostratégique très particulier : il est notamment au centre des différentes Afrique (du Nord, de l’Est, de l’Ouest, australe). C’est un cas d’école qui permet de comprendre ce qui se passe dans le reste de l’Afrique.
Afrik.com : Quel est le message de cet ouvrage ?
Anatole Collinet Makosso : La guerre passée, le pays doit aujourd’hui se reconstruire. Une nouvelle équipe dirigeante doit proposer un projet de société qui recadre et recentre tous les problèmes et les défis.