Au Rwanda un ancien responsable du parti du Président Habyarimana assassiné a été condamné à la réclusion à perpétuité.
La traque des responsables du génocide rwandais se poursuit. En ce sens que le Rwandais Léon Mugesera, un ancien responsable du parti du président Habyarimana assassiné, a été condamné, ce vendredi 15 avril 2016, à la réclusion à perpétuité, pour incitation au génocide des Tutsi en 1994.
Le juge Antoine Muhima a déclaré que « la Cour estime que M. Mugesera est coupable, il est un complice de ceux qui ont commis le génocide car il a directement incité à commettre le génocide et la torture constitutive de crime contre l’humanité, et incité à la haine ethnique. Au cours de la procédure, Mugesera avait par ailleurs contesté l’authenticité de l’enregistrement du discours présenté par l’accusation, dénonçant des « anomalies ».
Les juges ont reproché à l’accusé, 63 ans, un discours anti-tutsi prononcé en 1992 dans l’ouest du Rwanda, à l’occasion d’un rassemblement de son parti. Les magistrats ont estimé que ce discours était un des éléments qui avaient amorcé le génocide: les Tutsi y étaient traités de « cafards » et les Hutu encouragés à les tuer.
Installé au Canada en 1993 avec son épouse et ses enfants, Léon Musegera a été réclamé depuis 1995 par Kigali. Durant plus de 15 ans, il avait multiplié les recours judiciaires, sans pouvoir finalement empêcher son extradition vers le Rwanda en janvier 2012. Au cours de son procès, Léon Mugesera avait nié toutes les accusations formulées contre lui, arguant qu’il vivait déjà au Canada lorsque le génocide a débuté. L’accusé, qui est un linguiste, a immédiatement fait appel de ce verdict.
L’assassinat en avril 1994 du président Juvénal Habyarimana, dont l’avion a été abattu par un missile à Kigali, allait déclencher le génocide d’environ 800 000 personnes, essentiellement membres de la minorité tutsie, tuées en quelques semaines, selon l’ONU.
Son procès s’était ouvert en 2013.