La justice française met fin aux poursuites contre Callixte Mbarushimana, ancien acteur du génocide des Tutsis.
Le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, qui a provoqué la mort de près de 800 000 personnes, continue de marquer l’histoire du monde. Parmi les figures controversées de cette tragédie, Callixte Mbarushimana, ancien employé de l’ONU et secrétaire exécutif des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), est depuis longtemps accusé de crimes contre l’humanité. Cependant, en octobre dernier, la justice française a décidé de clore les poursuites à son rencontre, un non-lieu qui soulève de nombreuses interrogations et réactions, notamment de la part des associations de victimes.
Callixte Mbarushimana a fui le Rwanda après le génocide et a obtenu le statut de réfugié politique en France en 2003. En 2010, il est mis en examen pour crimes contre l’humanité et complicité dans le cadre du génocide rwandais, suite à des accusations le liant aux massacres perpétrés par les Forces armées rwandaises et les milices Interahamwe. Les témoignages recueillis par les enquêteurs français entre 2013 et 2017 ont cependant été jugés « fluctuants », « imprécis » et « non concordants », conduisant ainsi à un non-lieu prononcé le 1er octobre 2023 par la justice française.
Des accusations graves, mais des preuves insuffisantes
Malgré la gravité des accusations, notamment son implication présumée dans l’organisation de massacres et la fourniture de matériel onusien aux milices extrémistes hutus, Callixte Mbarushimana a toujours clamé son innocence. Son avocate, Me Laurence Garapin, a souligné que l’enquête, bien que longue et rigoureuse, n’a jamais pu établir une culpabilité claire. En parallèle, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), qui avait déposé plainte contre lui en 2008, considère que l’enquête est « lacunaire » et a fait appel de cette décision.
Des zones d’ombre qui persistent
Pour le CPCR, la décision de mettre fin aux poursuites contre Mbarushimana ne repose pas sur une enquête complète. Des témoins clés n’auraient pas été entendus, et certains éléments, comme un rapport interne de l’ONU, n’auraient pas été vérifiés. Ce collectif dénonce une « stratégie de clôture des vieux dossiers » plutôt qu’une véritable volonté de rendre justice aux victimes. De son côté, le président rwandais Paul Kagame avait, lors des commémorations du 30e anniversaire du génocide, accusé Mbarushimana de la trahison de proches, des accusations conservées sans suite judiciaire.
La fin d’un chapitre ou le début d’une nouvelle bataille judiciaire ?
La fermeture de ce dossier en France n’est pas le premier cas d’abandon de poursuites contre Callixte Mbarushimana. En 2010, la Cour pénale internationale avait également choisi de ne pas le juger pour des crimes commis en République démocratique du Congo en raison de preuves insuffisantes. Toutefois, la récente décision française pourrait relancer la mobilisation des associations de victimes et des défenseurs des droits humains, déterminées à obtenir justice.