Le président ivorien, Laurent Gbagbo, a annoncé mardi soir sa décision d’organiser un référendum en 2003 pour amender la Constitution. L’article rendant inéligible ceux qui ne peuvent prouver leurs » origines ivoiriennes » pourrait être réformé. Une concession à laquelle les rebelles du MPCI sont sensibles.
Les négociations engagées à Lomé depuis le 30 octobre entre la délégation des rebelles du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) et le gouvernement ivoirien piétinaient. Elles viennent de faire un pas de géant. Laurent Gbagbo vient de proposer d’organiser, en 2003, un référendum pour amender la Constitution. Au soir du 19 novembre, le président de la Côte d’Ivoire a annoncé à la télévision nationale sa décision de soumettre au vote de ses concitoyens l’article qui rend inéligibles les personnes n’étant pas » nés de père et de mère eux-mêmes ivoiriens » ou s’étant prévalues » d’une autre nationalité « .
Laurent Gbagbo répond ainsi aux exigences des mutins, qui dénoncent notamment la discrimination fondée sur la notion d' » ivoirité « . Alors que ces derniers avaient refusé le plan de paix mis au point par la Cedeao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) et avaient eux-mêmes dû revoir la copie de leurs » contre-propositions » soumises à la médiation togolaise, les négociations paraissaient totalement bloquées. Aujourd’hui, les rebelles ne demandent plus la démission de Laurent Gbagbo comme préalable à la paix et le chef de l’Etat semble disposé à faire des concessions. Il suspend cependant, dans un communiqué, la tenue du référendum au » désarmement des rebelles » et à la » libre circulation des biens et des personnes sur l’ensemble du territoire « .
Les bémols de Ouattara
Si le référendum sur l’amendement de la Constitution avait lieu, il pourrait permettre au principal opposant de Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara, de se présenter aux élections présidentielles. Réfugié à l’ambassade de France depuis le début de la crise – le 19 septembre dernier – l’ancien premier ministre a déclaré à l’Afp que s’il jugeait que cette consultation était » un premier pas et une preuve d’ouverture « , il trouvait » les délais trop longs et les procédures trop compliquées compte tenu de la crise que le pays traverse actuellement. »
Dans un premier temps, le gouvernement veut réformer l’Office national de l’identification (Oni) qui attribue actuellement les cartes de séjour et les cartes d’identité. Il songe également à mettre en place un groupe d’éthique composé de personnalités politiques aux couleurs des principaux partis pour surveiller le travail de l’Oni. Pour que le référendum soit possible, il faudrait également que la proposition de Laurent Gbagbo soit soumise au Parlement ivoirien et acceptée par les deux tiers des députés.