Le président ivoirien Laurent Gbagbo a invité lundi soir ses compatriotes à s’engager dans le processus de paix, annonçant que l’élection présidentielle peut être organisée dès la fin de cette année. Il a appelé à l’organisation d’un scrutin « propre » et à l’abri de toute « fraude », un souhait dont ses opposants doutent de la sincérité.
Avec Panapress, à Abidjan
« Si nous sommes tous de bonne foi, si chacun est déterminé, comme je le suis, à ce que les élections aient lieu, nous pouvons organiser l’élection présidentielle dès la fin de cette année, dès le mois de décembre 2007 ». Laurent Gbagbo en a assuré ses concitoyens, lundi soir, lors d’une allocution télévisée prononcée à la veille de l’anniversaire de l’indépendance nationale, fêté dans l’unité pour la première fois depuis le 19 septembre 2002.
Une nouvelle fois, le chef de l’Etat a présenté ce scrutin comme « une urgence et une nécessité », lui qui avait déjà dit sa volonté d’« aller aux élections vite, vite, vite », le 30 juillet dernier, lors de son retour dans le nord rebelle. Il a demandé lundi soir à son Premier ministre, Guillaume Soro, également secrétaire général des Forces nouvelles, aux responsables politiques et aux organisations de la société civile, de s’engager « résolument, chacun en ce qui le concerne » dans le processus électoral.
« La Côte d’Ivoire ne doit pas donner l’impression qu’elle retarde les élections qui seules confèrent la légitimité à tout dirigeant dans un régime démocratique », a-t-il ajouté avec malice, lui dont le mandat a expiré le 31 octobre 2005. Ce scrutin, a-t-il conclut, devra être « propre » et à l’abri de toute « fraude ».
Audiences foraines : tirer « les leçons de l’échec de 2006 »
Ses opposants ont pourtant déjà émis des doutes sur l’honnêteté des élections qui se préparent. Non seulement en raison de la précipitation avec laquelle elles pourraient être organisées, mais aussi parce que Laurent Gbagbo a obtenu de l’ONU qu’elle supprime, à la mi-juillet, le poste de Haut représentant pour les élections (HRE), occupé par le Suisse Gérard Stoudmann. Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, Innocent Kobena Anaky et Albert Toikeuse Mabrile, ministre des Transports, s’étaient alors fendues d’une lettre au président burkinabé Blaise Compaoré, facilitateur du dialogue inter-ivoirien, pour lui exprimer leurs « réelles inquiétudes ».
Selon les quatre présidents de partis de l’opposition, cette suppression « offre la possibilité au Chef de l’Etat (…) de conduire à sa guise le processus électoral ». Gérard Stoudmann lui-même, dans une interview au quotidien français Libération daté de ce lundi, estime que Laurent Gbagbo a exigé la suppression de ce poste « pour avoir les coudées franches dans l’organisation des élections » qu’il « tient absolument à remporter ».
Reste que le président ivoirien a annoncé la reprise prochaine des audiences foraines, première phase de l’identification des populations en vue des élections. Il faudra à ce sujet tirer « les leçons de l’échec de 2006 », a-t-il prévenu, rappelant que le débat politique sur ce thème avait dégénéré en affrontements politiques meurtriers.