Gbagbo prend le commandement


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Le président ivoirien Laurent Gbagbo a démis son puissant ministre de la Défense, Moïse Lida Kouassi, pour endosser lui-même la responsabilité des forces armées. La Côte d’Ivoire découvre, effarée, que son armée est impuissante à mater les mutins.

Le costume de président est trop étroit pour Laurent Gbagbo qui a décidé samedi dernier de prendre le commandement des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci). Mécontent des échecs répétés de son armée pour mater la rébellion, qui au contraire va de succès en succès, le président ivoirien a limogé son puissant ministre de la Défense et de la Protection civile, Moïse Lida Kouassi, nommé ministre d’Etat, conseiller auprès du Chef de l’Etat. Un poste sans réelle affectation mais surtout une manière d’avoir l’ancien numéro 2 d’Abidjan sous les yeux. Si officiellement, aucune explication n’a été avancée pour justifier ce remaniement ministériel, Laurent Gbagbo laisse volontiers entendre que son armée a été très décevante depuis le 19 septembre dernier. Ses tentatives pour récupérer Bouaké, la seconde ville du pays, ont tourné au désastre.

Les mutins sur leur lancée

La presse ivoirienne s’attaque violemment à l’ancien ministre de la Défense.  » Le ministre Lida récolte les fruits d’une gestion approximative de la  » sale guerre « . Passe encore qu’il ait pris la tangente, abandonnant sa famille aux mains des insurgés, en suivant « tout de ma cachette ». Mais dès le déclenchement des opérations militaires, il a mis sur la place publique les défaillances de notre système de défense et vendu les secrets militaires « , tire à boulets rouges Fraternité Matin. Le quotidien gouvernemental l’accuse également de corruption et d’avoir  » induit en erreur  » le président Gbagbo.

Pendant ce temps, les mutins continuent d’asseoir leur contrôle sur le nord. Ils ont conquis Daloa, troisième ville du pays et capitale du cacao de l’ouest ivoirien, sans rencontrer de grande résistance. Ainsi, tout le nord et le centre du pays sont sous contrôle des rebelles. La crise ivoirienne risque de connaître une internationalisation, tant redoutée par les deux parties en conflit. Abidjan a réceptionné, dimanche après-midi, une aide militaire de l’Angola alors que les étrangers africains continuent de fuir le pays.

Sur le plan diplomatique, les efforts de la Cedeao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), relayés par Cheikh Tidiane Gadio, ministre sénégalais des Affaires étrangères, sont restés stériles. Seules concessions : Laurent Gbagbo se dit prêt à négocier  » si les mutins déposent les armes « , et ces derniers ont levé le préalable de la démission du président pour entamer les discussions.

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