Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, les deux candidats du second tour de la présidentielle en Côte d’Ivoire, qui se tiendra ce dimanche 28 novembre 2010, s’affronteront ce soir dans un face à face diffusé sur toutes les chaines de radio et télévision ivoiriennes. Du jamais vu en Côte d’Ivoire et même en Afrique de l’Ouest. Dernièrement le ton des deux candidats est monté de plusieurs crans, et l’on craint le pire suite à ce face à face que tous les électeurs attendent de pied ferme. En alerte, l’ONU a dépêché de nouvelles troupes sur le territoire ivoirien.
De notre correspondante
Prévu pour 21 heures précises, heure d’Abidjan, le face à face qui opposera ce jeudi soir les deux candidats en lice pour le second tour de la présidentielle en Côte d’Ivoire, le 28 novembre prochain, alimente tous les débats. La forme de ce grand rendez-vous se rapprochera du show à l’américaine, a-t-on lu dans la presse ce matin. Pendant deux heures et quinze minutes (2 heures 15mn), les deux hommes forts de ce scrutin historique, en position debout, et devant un journaliste qu’ils auraient choisi d’un commun accord sous proposition du conseil national de la communication audiovisuelle (cnca), devront jouer leur va-tout pour convaincre les 5,7 millions d’électeurs listés par la commission électorale indépendante (CEI).
Alassane Ouattara, candidat du Rassemblement des démocrates (Rdr) soutenu par le rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), a annoncé la couleur. «Je ne répondrai pas à la provocation», a-t-il confié au micro d’un confrère de Radio France internationale (Rfi) qui l’interrogeait sur la confrontation de ce soir, avant d’ajouter dans un discours ferme qu’« il est impossible pour Laurent Gbagbo de se faire élire contre [lui] au second tour ».
Pour le président sortant, Laurent Gbagbo, candidat de la majorité présidentielle (Lmp) cette occasion est la bienvenue. Elle lui permettra de montrer à l’ensemble des Ivoiriens, « preuves à l’appui », que le Docteur Alassane Dramane Ouattara est le père de la rébellion qui a scindé la Côte d’Ivoire en deux et dont la partie septentrionale est toujours aux mains des Forces nouvelles. Un discours qu’il a tenu à ses militants venus nombreux à son meeting d’hier, dans la commune de Cocody, à Abidjan.
Dans cette atmosphère dégradée par les sorties belliqueuses des deux candidats, les militants ne sont pas en reste. Depuis quelques jours, des foyers de violence ont éclaté à Cocody, à Abobo Baoulé dans la commune d’Abobo et hier à Yopougon, faisant plusieurs blessés graves au rang des supporters des deux camps.
L’Onu en alerte
Du fait de cette violence qui pèse sur le scrutin de dimanche prochain, le Conseil de sécurité de l’Onu a détaché trois bataillons d’infanterie (500 hommes) du Liberia voisin et une unité aérienne composée de deux hélicoptères de transport militaire. Le transfert de la mission des Nation unis au Libéria (Minul) en direction de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) est prévu pour une période de quatre semaines au plus.
Le scrutin, défini comme « apaisé et sans incident majeurs » au premier tour, risque de mettre à mal la sortie de crise amorcée depuis huit années. Et les membres du Conseil de sécurité des Nations unies, qui ont exprimé leur inquiétude dans une déclaration, ont rappelé que tous les responsables politiques de Côte d’Ivoire doivent maintenir une atmosphère de paix sur le scrutin du 28 novembre. Les membres du Conseil de sécurité ont également réitéré leur vigilance à l`égard de ceux qui « font obstacle à la paix et incitent publiquement à la haine et à la violence ».
Le Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro, essaie aussi à son niveau, avant le face à face de ce soir, de ramener les deux adversaires à un ton plus modéré. Il devait rencontrer les deux hommes ce matin à Abidjan. Demain ce sera au tour de la presse nationale et internationale qu’il rencontrera autour d’un cocktail au golf hôtel d’Abidjan pour une dernière mise au point.