La grande majorité des pays et organisations de la communauté internationale a pris position en faveur d’Alassane Ouattara. Pas la Chine et la Russie, qui bloquent toute action du Conseil de sécurité de l’ONU contre Laurent Gbagbo. Mardi, la CEDEAO a décidé de suspendre la Côte d’Ivoire et de reconnaître la victoire de Ouattara.
Si l’issue du bras de fer qui l’oppose à Laurent Gbagbo se jouait au nombre de soutiens, Alassane Ouattara aurait sûrement le dessus. Après les Nations Unis, la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Union Européenne, la CEDEAO, et l’Union Africaine, l’Allemagne a ajouté mardi son nom à la liste des nombreux soutiens au candidat du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (Rhdp).
L’ONU, qui a annoncé mardi qu’elle allait retirer une partie de son personnel de Côte d’Ivoire, a dès vendredi entériné la victoire d’Alassane Ouattara. Une position que la France et les Etats-Unis ont appuyée. Mardi, Barack Obama a mis en garde le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo contre un « isolement accru » et a prévenu qu’il subirait les « conséquences de ses actes injustes » s’il s’accrochait au pouvoir. Nicolas Sarkozy a, lui, ouvertement demandé lundi à Laurent Gbagbo de céder la place au « président élu », précisant ainsi la position de la France. La situation en Côte d’Ivoire a toutefois crée quelques remous au sein du parti socialiste français. Certains de ses membres, comme Jack Lang ou Henri Emmanuelli, ont tenu des propos ambigües, avant qu’un communiqué ne vienne s’aligner sur la position du gouvernement français. Considérant Alassane Ouattara comme « le vainqueur légitime » de l’élection présidentielle, l’Union européenne est allé plus loin lundi, en évoquant un possible recours à des « sanctions » si la crise politique n’était pas résolue.
La neutralité de la Chine et de la Russie profite à Gbagbo
La Chine et la Russie, qui se sont toujours opposées à toute ingérence étrangère, ont, eux, pris leurs distances face à ce qui ressemble à un consensus international. Tous deux membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, leur accord est nécessaire à toute action de l’organisation internationale. Officiellement neutre, la République populaire de Chine a invité lundi les parties en présence à « donner la priorité aux intérêts nationaux et publics, rester calme et régler les différents par des procédures juridiques et par le dialogue politique, afin de maintenir la stabilité nationale et la solidarité ». Si la Russie n’a, elle, pas encore fait de déclaration officielle, elle se serait opposée vendredi à l’idée que le Conseil de Sécurité soutienne un candidat, empêchant ainsi toute déclaration du Conseil visant à soutenir Alassane Ouattara.
Un mutisme suivi par l’Afrique du sud, qui aurait choisi d’attendre le prochain sommet de l’Union africaine pour officialiser sa position. Un comportement dénoncé par l’Alliance démocrate qui a critiqué l’attentisme de l’administration Zuma.
A l’heure actuelle, Laurent Gbagbo n’a reçu que deux soutiens officiels, venant de l’Angola et du Liban, tout deux représentés lors de son investiture samedi au Palais présidentiel. « Nous sommes venus pour assister à l’investiture du Président Laurent Gbagbo qui a été réélu au terme du second tour du scrutin présidentiel », a déclaré à cette occasion l’ambassadeur angolais en Côte d’Ivoire.
Alors que l’Union africaine s’est prononcée ce samedi en faveur de la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle ivoirienne, Laurent Gbagbo espère encore rallier des soutiens en Afrique. Conduite par l’ancien ministre de l’enseignement supérieur Sery Bally, une délégation s’est rendue lundi en son nom au Ghana, au Togo, au Bénin et devait faire le déplacement du Nigeria, alors que la Cedeao se réunissait ce mardi à Abuja, la capitale nigériane. Une réunion à laquelle aucun dirigeant ivoirien n’était invité et qui a vu la Cedeao suspendre la Côte d’Ivoire et reconnaître officiellement la victoire d’Alassane Ouattara.