Le temps des négociations semble terminé en Côte d’Ivoire. Le président Laurent Gbagbo refuse de signer le cessez-le-feu avec les mutins et privilégie la voix des armes. Les troupes loyalistes ont lancé de grandes offensives à Bouaké.
Depuis dimanche dernier, les tirs n’ont pas arrêté de retentir à Bouaké, seconde ville du pays contrôlée par les mutins. Les forces loyalistes, qui ont reçu des renforts importants depuis quatre jours, ont lancé des offensives pour enlever la ville aux mutins, enterrant ainsi la voie diplomatique. La veille, excédée par le refus de Laurent Gbagbo de signer l’accord de cessez-le-feu durement arraché aux rebelles, la délégation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a plié bagages sans prendre la politesse de se rendre chez le président ivoirien.
La voie des armes a souverainement déplu à la France qui appelle Laurent Gbagbo à reprendre le chemin des négociations. Engagée sur le terrain avec près de 1 000 hommes, la France ne veut pas intervenir militairement. Officiellement, elle n’apporte qu’une aide logistique à l’armée régulière
A Air France, ça va
La situation est très confuse à Bouaké. Les troupes gouvernementales, qui avaient gagné quelques positions au nord et au nord-est de la ville, ont de nouveau reculé dans la journée. Les mutins continuent leur opération de ratissage, commencée tôt ce lundi. Ils ont arrêté des dizaines de gendarmes qui s’étaient infiltrés dans la nuit de samedi à dimanche. Les gendarmes étaient en civil mais ont été reconnus par la population. Les habitants semblent partagés entre la peur et le soutien aux mutins. Des centaines de milliers de personnes ont parcouru les rues de Bouaké pour appeler la France à ne pas intervenir en Côte d’Ivoire et pour la démission du président Laurent Ggagbo.
» A Air France 2 (quartier de Bouaké, ndlr), tout est calme pour l’instant. Mais ça chauffe très fort depuis ce matin à Dar Es Salem (autre quartier). Si vous voulez entendre les coups de feu, je peux ouvrir la fenêtre… « , témoigne une habitante à 12h 15 (14h 15 à Paris). Les habitants craignent que la bataille qui se passera nécessairement dans leur ville ne fasse beaucoup de victimes parmi les civils.