Pour la première fois depuis le 19 septembre 2002, le gouvernement ivoirien et les Forces nouvelles vont célébrer ensemble l’indépendance de leur pays. Un acte symbolique fort qui n’efface pas les craintes de l’opposition de voir le président Gbagbo s’accaparer les futures élections présidentielles. Le poste de Haut représentant pour les élections de l’ONU a été supprimé mi-juillet à la demande du chef de l’Etat.
Avec Panapress, à Abidjan
La Côte d’Ivoire célèbre ce mardi le 47ème anniversaire de son accession à l’indépendance sous le signe de l’unité retrouvée. Pour marquer l’événement, le président ivoirien, Laurent Gbagbo, et son Premier ministre, Guillaume Soro, secrétaire général des Forces nouvelles, ont « symboliquement choisi certaines villes pour abriter les festivités officielles », indique l’agence Panapress. Ce sera Odiénné, Séguéla et Man, sous contrôle des rebelles, et Bondoukou, Gagnoa et Abidjan, en zone gouvernementale.
Un défilé mixte Fanci/Forces Nouvelles à Abidjan
Dans la capitale économique, Laurent Gbagbo et Guillaume Soro assisteront à un défilé militaire des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN) et des Forces de défense et de sécurité (FSD, loyalistes, ex Forces armées nationales de Côte d’Ivoire, Fanci). Une tel évènement a été rendu possible par la signature de l’accord de Ouagadougou, le 4 mars 2007, dans le cadre du dialogue direct entre les forces belligérentes ivoiriennes.
Par la suite, la cérémonie de « la flamme de la paix », le 30 juillet dernier, a permis à Laurent Gbagbo d’effectuer sa première visite en zone rebelle (nord) depuis le début des hostilités, le 19 septembre 2002. Il y a brûlé près de 2 000 armes ayant appartenu aux deux forces opposées, signifiant la fin de la guerre, en présence des présidents Faure Gnasingbé (Togo), Thomas Yayi Boni (Bénin), Nino Viera (Guinée Biseau), Thabo M’béki (Afrique du Sud), Amani Toumani Touré (Mali) et Blaise Compaoré (Burkina Faso).
Laurent Gbagbo veut « avoir les coudées franches »
Tout n’est pourtant pas rose entre le gouvernement et ses opposants politiques. Notamment depuis que l’ONU a supprimé à la mi-juillet le poste de Haut représentant pour les élections (HRE), occupé par le Suisse Gérard Stoudmann, à la demande de Laurent Gbagbo. Dans une lettre adressée au président Blaise Compaoré, facilitateur du dialogue inter-ivoirien, Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, Innocent Kobena Anaky et Albert Toikeuse Mabrile, ministre des Transports, expriment leurs « réelles inquiétudes » face à cette décision.
D’autant, expliquent les quatre présidents de partis de l’opposition, qu’elle « offre la possibilité au Chef de l’Etat, dont le mandat a expiré le 31 octobre 2005 et qui est, de surcroît, candidat aux prochaines élections présidentielles, de conduire à sa guise le processus électoral ». Gérard Stoudmann lui-même, dans une interview au quotidien français Libération daté de ce lundi, estime que Laurent Gbagbo a exigé la suppression de ce poste « pour avoir les coudées franches dans l’organisation des élections » qu’il « tient absolument à remporter ». De ce fait, les quatre signataires de la lettre à Blaise Compaoré réclament le rétablissement du poste de HRE, même si l’ONU, lorsqu’elle a accepté sa suppression, a pris soin de maintenir une certification de « toutes les étapes » du processus électoral.
Dans la galaxie des coalitions politiques qui s’entremêlent en Côte d’Ivoire, le RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix) a indiqué au lendemain de la cérémonie de la « flamme de la paix » qu’il « ne saurait servir de faire-valoir à un hold-up électoral en préparation ». Son porte-parole, le secrétaire général du PDCI (parti démocratique de Côte d’Ivoire), Alphonse Djédjé Mady, précise que le RHDP, qui demande son retour, « ira aux élections avec ou sans Haut représentant ». Et réclame le début des actions concrètes, telles que le désarmement des belligérants et l’identification des électeurs.