Après quatre mois de résistance acharnée, Laurent Gbagbo a finalement été arrêté à la résidence présidentielle, à Abidjan ce lundi après-midi. Il aurait été remis au camp Ouattara, à l’hôtel du Golf, en compagnie de son épouse Simone, son fils Michel, et de plusieurs responsables militaires.
C’en est fini pour Laurent Gbagbo. Celui qui a résisté pendant près de quatre mois aux pressions internationales et à l’offensive des forces républicaines de son rival, Alassane Ouattara, a été contraint de quitter le pouvoir par la force. Il a été interpellé ce lundi, peu avant 13 heures (15 heures en France) « par les forces spéciales françaises », à la résidence présidentielle du quartier de Cocody, selon le conseiller de Laurent Gbagbo en Europe, Alain Toussaint. Une implication de la France démentie par l’ambassadeur de Côte d’Ivoire en France Ally Coulibaly sur France Info. « Les forces spéciales françaises n’ont rien a voir dans cette opération (…) cette victoire, nous la devons aux forces républicaines de Côte d’Ivoire », a-t-il déclaré.
Des blindés français ont pourtant pénétré l’enceinte de la résidence présidentielle à la mi-journée après une nouvelle série de bombardement menée depuis dimanche soir sur la résidence par les hélicoptères de l’ONUCI et de la Licorne. Une intervention de la France qui pourrait créer la polémique si elle était confirmée puisque la capture de l’ancien chef de l’État n’était pas prévue par la résolution 1975 adoptée par le Conseil de sécurité, qui réglementait l’intervention armée de l’ONUCI et de la Licorne en Côte d’Ivoire.
L’arrestation filmée par la TCI
Nombreuses interrogations
Cette arrestation a provoqué des scènes de liesse à l’hôtel du Golf, où est basé le QG d’Alassane Ouattara. Mais le doute plane toujours sur la réaction des combattants fidèles à Laurent Gbagbo. Vont-ils continuer les combats où déposer les armes ? Accepteront-ils la présidence d’Alassane Ouattara ?
La chute de Laurent Gbagbo soulève aussi des interrogations sur le sort du président sortant et son éventuel jugement à la Cour Pénale Internationale (CPI).
L’ambassadeur ivoirien à Paris, Ally Coulibaly, a donné des éléments de réponse sans pour autant se prononcer précisément. « Il a été arrêté mais personne n’a porté atteinte à son intégrité physique (…) Il ne fallait pas faire de lui un martyr », a-t-il déclaré. « Il fallait qu’il soit vivant et qu’il réponde des crimes contre l’humanité qu’il a commis », a estimé le diplomate.
Le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro a pris la parole à 14 heures 30 (16h30 à Paris) déclarant : « Laurent Gbagbo et son épouse viennent de se rendre (…) Peuple de Côte d’Ivoire, séchez vos larmes, le cauchemar est terminé ».
Pour l’heure, la sécurité du président ivoirien sortant et de sa femme est assurée par des « gendarmes de l’ONU », a affirmé le chef des opérations de maintien de la paix aux Nations unies, Alain Le Roy.
Les soldats de l’ONUCI et de la Licorne étaient intervenus à nouveau dans la nuit de dimanche à lundi et dans la matinée. Les hélicoptères de ces deux forces présentes en Côte d’Ivoire ont bombardé la résidence présidentielle à Abidjan où était retranché l’ancien président depuis le début de l’offensive sur la capitale économique il y a dix jours.