Les tensions entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso persistent. C’est pour tenter une réconciliation que les deux chefs d’Etat, Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré se rencontrent ce mercredi à Tripoli sous la médiation du colonel Mouamar Kadhafi.
La rencontre prévue ce mercredi entre le président de la Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, est inattendue. Blaise Compaoré s’était rendu ce lundi à Syrte (à 450 Km à l’est de Tripoli), pour s’entretenir avec le colonel Mouamar du prochain sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Le Guide aurait profité de la présence de ce dernier pour inviter Laurent Gbagbo à venir se joindre à eux.
En présence du colonel Kadhafi, les deux présidents se sont donc rencontrés aujourd’hui à Tripoli pour mettre un terme aux hostilités qui ne cessent de s’aggraver, provoquant malaise et inquiétudes. De ce huis-clos à trois, rien ne semble filtrer pour le moment. Toutefois, il est probable qu’il sera question de réforme agraire, dont l’application prochaine par le gouvernement ivoirien n’est pas pour plaire au président burkinabé Compaoré.
Les raisons du coup de froid
Au cours de l’interview accordé à RFI, le président burkinabé n’avait pas manqué d’exprimer sa grande préoccupation face à l’application de cette réforme. » La question de la réforme agraire (…) mal traitée, peut entraîner des dérapages et des dérives susceptibles de nuire à nos relations. Et je le pense sincèrement « , avait-il déclaré.
Une réforme votée il y a 3 ans et dont l’article 1er, prévoit qu’un non Ivoirien ne pourrait être propriétaire terrien. Les inquiétudes de Compaoré sont pour la forte communauté burkinabé (quelque trois millions) qui résident et travaillent en Côte d’Ivoire depuis des années.
L’autre point de discorde concerne le doute qui subsiste encore aujourd’hui sur » l’ivoirité » d’Alassane Dramane Ouattara, président du Rassemblement des républicains (RDR). La polémique autour de la nationalité de l’ancien Premier ministre ivoirien demeure en Côte d’Ivoire. Ses adversaires politiques lui reprochent d’avoir été haut fonctionnaire auprès du Fonds monétaire international (FMI) sous la nationalité burkinabé.
Constat fait lors de la toute récente visite privée du Président Gbagbo à Paris, le 20 juin dernier. Faisant allusion au futur candidat aux présidentielles, le président ivoirien avait alors parlé – non sans ironie- de « vagabondage de nationalité ».
Qualifiées de » frileuses » depuis un bon moment, le président Compaoré estime que les relations de son pays avec la Côte d’Ivoire risquent de s’aggraver si une solution rapide n’est pas trouvée. Il faut rappeler que le refroidissement des relations entre les deux pays voisins ne date pas d’hier. Déjà en janvier dernier, à la suite du coup d’état manqué, Laurent Gbagbo avait accusé les pays frontaliers, dont le Burkina Faso d’avoir servi de base aux assaillants.