Gaza et Dakhla même combat : le tourisme comme arme de colonisation massive


Lecture 3 min.
Dakhla
Dakhla

Alors que Gaza a subit une destruction massive sous les bombardements israéliens, plutôt que de participer à sa reconstruction, Donald Trump propose sa transformation en « Riviera du Moyen-Orient ». Un projet qui fait écho à la conversion controversée de Dakhla, au Sahara occidental, en destination touristique de luxe par le roi Mohammed VI.

À Gaza, la proposition choc de Donald Trump du 5 février 2025 de créer une « Riviera du Moyen-Orient » révèle une stratégie brutale : déplacer la population palestinienne pour transformer ce territoire meurtri en destination touristique sous contrôle américain. Les Palestiniens serait alors tolérés pour servir les riches voyageurs de passage. Cette proposition a suscité une indignation internationale, étant perçue comme une tentative de nettoyage ethnique et une violation flagrante du droit international. Mais pourtant un tel projet a déjà été mené à bien au Sahara occidental.

En effet, au Sahara occidental, le Maroc poursuit depuis des années une politique similaire à Dakhla, transformant cette ville côtière en station balnéaire prisée malgré son statut de territoire contesté. Cette transformation touristique est critiquée par ceux qui dénoncent qu’elle vise à consolider la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, au détriment du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. mais sous la protection de l’armée marocaine, équipée par les Etats-Unis et Israël, le développement rapide de Dakhla attire des vacanciers, notamment français, par dizaines de milliers, malgré le statut contesté du territoire.

Le tourisme comme outil de domination

Dans les deux cas, le tourisme sert à consolider l’occupation. À Dakhla, perchée entre Atlantique et désert, les autorités marocaines ont massivement investi : hôtels luxueux, infrastructures modernes et quartiers résidentiels ont fleuri, attirant des dizaines de milliers de kitesurfeurs européens. Avec au passage, de belles plus values pour les investisseurs proches du pouvoir marocains qui ont accompagnés cette politique. Le projet américain pour Gaza suit la même logique : effacer l’identité palestinienne au profit d’une zone récréative internationale, niant le droit des populations à disposer de leur territoire.
Une géopolitique des alliances contestées

Ces transformations territoriales s’appuient sur des acteurs internationaux puissants. Les États-Unis et Israël jouent un rôle clé dans les deux dossiers : en décembre 2020, l’administration Trump reconnaissait la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange d’une normalisation des relations avec Israël. Cette reconnaissance a été renforcée en juillet 2023 par le soutien officiel d’Israël aux revendications marocaines. Ces soutiens renforcent les positions des occupants et compliquent les efforts internationaux visant à trouver des solutions équitables pour les populations concernées.

Il faut noter par ailleurs que ces deux plans d’occupation, en Palestine et au Sahara occidental, sont poussés par des dirigeants d’Extrême Droite, Trump et Netanyahu, et qu’ils bénéficient, en France, du soutien du RN.

Le droit international bafoué

Dans les deux cas, la force remplace la justice. Les droits des peuples sahraoui et palestinien à l’autodétermination se heurtent aux mêmes obstacles. En octobre 2024, la Cour de justice européenne annulait pourtant deux accords commerciaux UE-Maroc, soulignant l’illégalité de l’exploitation des ressources sahraouies sans le consentement de la population. De même, le projet américain pour Gaza constituerait une violation flagrante du droit international.

Ces tentatives de transformation touristique masquent une réalité brutale : l’utilisation du développement économique comme outil de colonisation, au mépris des droits fondamentaux des populations locales. Une stratégie qui, de Gaza à Dakhla, illustre comment le tourisme peut devenir une arme de dépossession territoriale.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News