Le gouvernement gambien a annoncé, mercredi 2 octobre, que le pays se retirait de l’organisation du Commonwealth. Il dénonce une institution « néocoloniale ».
La Gambie s’est retirée, mercredi 2 septembre, du réseau Commonwealth, « avec effet immédiat ». « Le gouvernement se retire du Commonwealth en tant que membre et décide que la Gambie ne sera jamais membre d’une institution néocoloniale, et ne fera jamais partie d’une institution qui représente un prolongement du colonialisme », explique un communiqué du gouvernement gambien. La Gambie accuse le Royaume-Uni de perdurer sa souveraineté à travers une institution « néocoloniale ».
Aucune explication complémentaire n’a été fournie, si ce n’est les déclarations d’un responsable au ministère des Affaires étrangères interrogé par l’AFP, sous couvert d’anonymat. Il affirme que cette décision intervient après le rejet en 2012 d’un accord proposé par l’organisation pour la création à Banjul de commissions pour les droits de l’Homme, les médias et la lutte contre la corruption.
Londres n’a pas tardé à réagir. Le ministère britannique des Affaires étrangères a publié un communiqué dans la soirée de mercredi dans lequel il indique que « les décisions sur l’appartenance au Commonwealth relèvent du gouvernement de chaque Etat membre ». « Nous regretterions beaucoup que la Gambie, ou tout autre pays, décide de quitter le Commonwealth », a indiqué un porte-parole du Foreign Office.
Ingérence occidentale et droit des homosexuels
Le Président gambien supporte mal le fait que les pays occidentaux conditionnent leur aide à la Gambie aux droits des homosexuels. En fervent opposant de la cause homosexuelle, Yahya Jammeh avait déclaré au Parlement en avril 2012 : « Si vous voulez nous donner de l’aide pour que nous mariions les hommes avec les hommes et les femmes avec les femmes, abandonnez. Nous n’avons pas besoin de votre aide, car aussi longtemps que je serai Président de la Gambie, vous ne verrez jamais cela arriver dans ce pays ». A la dernière Assemblée générale des Nations Unies, à New York, fin septembre, le dirigeant a réitéré sa ferme opposition aux gays en affirmant que « l’homosexualité sous toutes ses formes, en plus d’être un péché, est une offense contre Dieu et une menace pour l’existence humaine ».
« Quelquefois, vous entendez beaucoup de tapage sur les lois de notre pays ou sur mes déclarations, laissez-moi très clairement vous dire que vous ne m’achèterez pas pour effectuer un acte diabolique et impie », a-t-il déclaré en présence des ambassadeurs de Grande-Bretagne et des Etats-Unis, quelques semaines avant l’inculpation d’une vingtaine d’hommes pour homosexualité.
Le Président gambien a été élu en 1996 après un coup d’Etat en 1994. Il a depuis été réélu trois fois (2001 – 2006 – 2011) dans ce petit pays anglophone enclavé au Sénégal, en Afrique de l’Ouest. Afin d’assurer son règne dans ce petit territoire, il fait adopter en 2002 un amendement constitutionnel supprimant la limite du nombre de mandats.