Gambie : Yahya Jammeh annonce son retour politique


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Yahya Jammeh
Yahya Jammeh, ancien Président de la Gambie

L’ex-dictateur gambien Yahya Jammeh, qui a été contraint à l’exil après sa défaite électorale en 2016, a annoncé son intention de reprendre la direction de son ancien parti politique, l’Alliance pour la réorientation et la construction patriotiques (APRC), qu’il avait fondé en 1996. Dans un message audio diffusé jeudi, M. Jammeh a fait savoir à ses partisans qu’il ne confierait plus la direction du parti à quiconque et qu’il revenait « par la grâce d’Allah ».

Répressions violentes de l’opposition et gestion autoritaire

Bien qu’il n’ait pas précisé si son retour impliquait un retour au pouvoir en Gambie, ses déclarations laissent entendre une volonté de réactiver son influence politique dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest. Yahya Jammeh a régné sur la Gambie d’une manière autoritaire pendant près de 23 ans, de 1994 à 2017. Son régime a été marqué par des violations des droits humains, des répressions violentes de l’opposition, et une gestion autoritaire du pays.

Il a quitté le pouvoir en janvier 2017, après avoir perdu les élections présidentielles face à Adama Barrow, l’actuel Président de la Gambie. Jammeh a été contraint de s’exiler sous la pression des pays voisins, membres de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui avaient mené une pression diplomatique pour l’obliger à quitter le pays. Depuis lors, il vit en Guinée équatoriale, mais reste une figure influente dans la politique gambienne.

Jammeh dans le collimateur de la justice internationale

Malgré son départ, Jammeh n’a jamais véritablement disparu de la scène politique du pays. Son parti, l’APRC, continue de jouer un rôle important, bien que l’influence de l’ex-dictateur sur ses partisans demeure incertaine. Dans son message, Jammeh exprime sa détermination à reprendre la direction du parti et à reprendre une place centrale dans la vie politique, même si son retour à la Présidence semble pour l’instant peu probable.

Ses paroles ont un ton de défi, indiquant qu’il n’a pas l’intention de se laisser intimider par ceux qui cherchent à le poursuivre en justice pour ses actions durant son règne. En effet, Jammeh est actuellement dans le collimateur de la justice internationale. En décembre 2022, la CEDEAO a apporté son soutien à la mise en place d’un tribunal spécial pour juger les crimes commis sous son régime.

Inquiétude chez les partisans du gouvernement actuel

Cette initiative a été saluée par de nombreuses organisations des droits de l’homme qui dénoncent les exactions qui ont eu lieu pendant la période où Jammeh était au pouvoir. Le gouvernement gambien, sous la Présidence d’Adama Barrow, a également pris des mesures pour rendre justice aux victimes des violations des droits humains commises sous le régime de Jammeh.

En 2022, la commission Truth, Reconciliation and Reparations Commission (TRRC) a publié ses conclusions, recommandant des poursuites judiciaires contre plusieurs responsables, dont Jammeh lui-même. Pourtant, l’idée de voir Yahya Jammeh revenir sur la scène politique de la Gambie a déclenché un vent d’inquiétude chez les partisans du gouvernement actuel. La Gambie, bien que petit pays, a connu un changement depuis l’arrivée d’Adama Barrow à la Présidence en 2017.

Parmi les 20 pays les moins développés

Ce dernier a promis de mener une politique de réconciliation nationale et de démocratisation, après des années d’une gouvernance autoritaire et violente. Sous Barrow, la Gambie a entrepris une série de réformes visant à renforcer les institutions démocratiques et à améliorer les droits humains. Cependant, le pays reste confronté à la pauvreté, le chômage et la corruption, qui freinent son développement.

La Gambie continue de faire partie des pays les moins développés au monde, avec une population de seulement deux millions d’habitants. Classée parmi les 20 pays les moins développés, selon les Nations Unies, la Gambie peine à sortir de la pauvreté, malgré les efforts du gouvernement de Barrow pour encourager la croissance économique et l’amélioration des conditions de vie.

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