Voilà 21 ans que Yahya Jammeh, actuel président de la Gambie, est au pouvoir. Les principaux opposants et les observateurs internationaux s’inquiètent de la répression de plus en plus violente dont sont victimes les populations civiles et de la restriction des droits de l’Homme et des libertés d’expression.
La Gambie a célébré ce jeudi 22 juillet le 21ème anniversaire de la 22ème révolution qui marque l’arrivée de Yahya Jammeh à la tête du pays suite à un coup d’État. Agé de 50 ans, Yahya Jammeh n’a pas voulu passer inaperçu à l’occasion de cet anniversaire. Pour marquer l’événement, il a amnistié des prisonniers politiques, des meurtriers, des violeurs et des trafiquants de drogue qui ont déjà purgé de longues peines en prison.
Mais l’amnistie ne concerne pas tous les Gambiens. Dans un discours à la nation mercredi, le président gambien a juré qu’il ne graciera jamais ceux qui ont tenté de faire tomber son régime, martellant « j’ai juré ici à plusieurs occasions qu’il y a des crimes que je ne pardonnerai pas, mais j’ai tourné une nouvelle page et tous ceux qui sont condamnés pour trahison de 1994 à 2013 et qui purgent des peines de mort sont graciés ».
« Amnesty International tire la sonnette d’alarme »
Cet anniversaire, intervient à un moment où le pays est sous le feu des projecteurs. Le Président est accusé de bafouer les droits des citoyens et la liberté d’expression est de plus en plus menacée. Un rapport de l’Organisation internationale, Amnesty International, publié récemment tacle le régime de Yahya Jammeh. Sabrina Mahtani, chercheuse à Amnesty International pour l’Afrique de L’ouest, estime que « le climat de peur qui a ruiné la vie des Gambiens depuis plus de deux décennies s’est détérioré ces 12 derniers mois avec l’arrestation des journalistes, des homosexuels ou des lesbiennes et tous ceux qui sont considérés comme des opposants au régime. Leurs familles sont de plus en plus ciblées ».
« Un changement de régime peu probable »
Selon Sabrina Mahtani « une réponse violente au coup d’Etat avorté de décembre dernier a été un prétexte utilisé par le régime qui arrête ou enlève les civils de manière arbitraire. C’est d’autant plus effrayant que le président Yahya Jammeh a déclaré vendredi que des condamnés à prison qui croupissent dans les geôles peuvent s’attendre à ce que leur peine de mort soit appliquée ».
La situation devient de plus en plus alarmante et certains s’attendent à ce que l’homme fort du pays annonce très bientôt ses intentions de briguer un cinquième mandat présidentiel d’autant plus qu’il ne fait face à une résistance dans son pays. Selon Sidi Sané, ancien ministre des Affaires étrangères et dissident gambien, les chances que le régime change sont très minimes. « Les chances de voir un changement politique sont très, très minces parce que le régime fait tout pour être sûr que l’opposition reste très faible ».