L’opposant gambien Ousainou Darboe a saisi la Cour suprême de son pays pour demander une annulation de l’élection présidentielle qui vient de confirmer Adama Barrow chef de l’État pour cinq nouvelles années.
Il avait annoncé que « tous les moyens d’action [étaient] sur la table » pour contester les résultats alors partiels de l’élection présidentielle organisée le samedi 4 décembre 2021 dans son pays. Lorsque les résultats définitifs ont été proclamés dans la nuit du dimanche 5 décembre 2021, annonçant la victoire du Président sortant, Adama Barrow, réélu à la tête de la Gambie, l’opposant Ousainou Darboe, tout en appelant ses militants au calme, a promis d’utiliser des « moyens exclusivement pacifiques » pour contester ces résultats. C’est ce qui a été fait, ce mardi 14 décembre. En effet, sa formation politique, le Parti démocratique uni (UDP, en anglais), a introduit, à la Cour suprême du pays, un recours en annulation de la Présidentielle.
Pour le parti d’opposition, le scrutin du 4 décembre est entaché de multiples irrégularités mettant en cause sa crédibilité. Le Président Adama Barrow est accusé d’avoir distribué cadeaux et argent aux villageois pour acheter leurs suffrages. Par ailleurs, il dénonce l’infiltration de la Commission électorale indépendante par le parti présidentiel, le Parti national du peuple (NPP, en anglais). L’UDP parle également du vote frauduleux d’étrangers ainsi que de nombreuses autres irrégularités qui ont jalonné tout le processus du vote et du dépouillement.
Avocat et défenseur des droits de l’homme en Gambie, Ousainou Darboe était régulièrement arrivé deuxième après Yahya Jammeh aux élections présidentielles depuis 1996. Mais, arrêté lors d’une manifestation non autorisée et condamné à trois ans de prison ferme, en avril 2016, Ousainou Darboe ne put prendre part au scrutin de décembre 2016 qui, contre toute attente, a été remporté par un outsider, l’homme d’affaires Adama Barrow qui a pu détrôner l’inamovible Yahya Jammeh.
Libéré tout juste après l’élection présidentielle, Ousainou Darboe fut nommé ministre des Affaires étrangères dans le premier gouvernement d’Adama Barrow, avant d’être promu Vice-président. La collaboration cessa entre les deux hommes lorsque le Président Barrow, contrairement à sa promesse, manifesta le désir non seulement d’aller au bout de son mandat de cinq ans, mais d’en briguer un nouveau.
