Gabon : Suspense autour du procès Laccruche


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Brice Laccruche Alihanga
Brice Laccruche Alihanga

Le procès de Brice Laccruche Alihanga, ancien directeur de cabinet de l’ex-président gabonais Ali Bongo, a repris ce lundi 17 juin dans un climat de suspense et d’incertitude. Accusé de détournement de fonds publics et de blanchiment de capitaux, Laccruche se trouve actuellement hospitalisé en France, rendant la suite du procès particulièrement incertaine. Voici un tour d’horizon des derniers développements et des enjeux de cette affaire complexe.

Un procès sous haute tension

Le procès de Brice Laccruche Alihanga a débuté dans un contexte de fortes tensions politiques et judiciaires. Accusé d’avoir détourné plusieurs milliards de francs CFA d’un compte de l’État ouvert à BGFIBANK, Laccruche devait comparaître devant la Cour criminelle spéciale du Gabon. Cependant, sa grave condition médicale a ajouté une couche supplémentaire de complexité à cette affaire déjà très médiatisée.

Hospitalisation et évacuation sanitaire : un tournant inattendu

La situation a pris une tournure dramatique la semaine dernière lorsque Laccruche a été hospitalisé d’urgence au CHU d’Angondjè à Libreville, avant d’être évacué en France pour des soins intensifs. Cette évacuation a laissé planer le doute sur la possibilité de poursuivre le procès en son absence.

Selon les avocats de Laccruche, le stress des audiences a considérablement aggravé son état de santé. Ils plaident pour une suspension sine die du procès, invoquant des raisons humanitaires. Le ministère public, quant à lui, exige l’application stricte de l’article 314 du Code pénal, qui permet de juger un prévenu absent même sur son lit d’hôpital.

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Une décision importante en attente

Ce lundi 17 juin, la Cour a examiné le rapport de la magistrate et du Procureur général, envoyés au chevet de Laccruche lorsqu’il était encore à Libreville. Ils ont constaté que l’accusé était bien en réanimation et n’ont pas été autorisés à l’interroger. Cette situation a mené à des débats houleux sur la légitimité de poursuivre le procès en l’absence de l’accusé.

L’audience a été marquée par l’absence de Laccruche dans le box des accusés. Ses avocats ont demandé un nouveau report du procès, soulignant que leur client est en France pour recevoir des soins vitaux et que son état ne permet pas une comparution physique.

Controverses juridiques et enjeux humains

La Cour doit maintenant trancher entre plusieurs options : reporter le procès sine die, comme le souhaitent les défenseurs de Laccruche, ou le juger par contumace, ce que ces derniers jugent inapproprié compte tenu de la situation médicale de leur client. Selon Maître Nzigou, un jugement par contumace est généralement réservé aux accusés refusant de se présenter volontairement, ce qui n’est pas le cas ici.

Les débats se concentrent également sur la décision controversée de ne plus reconnaître les avocats de Laccruche, accusés d’avoir quitté la salle d’audience la semaine précédente. Maître Jean-Paul Moumbembé insiste sur le fait que seul le prévenu ou l’avocat lui-même peut se retirer d’une procédure, selon la loi gabonaise.

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Une affaire à suivre de près

Alors que la décision de la Cour est attendue avec impatience, cette affaire illustre les défis juridiques et humains posés par les poursuites contre des personnalités politiques de haut rang dans des contextes de santé délicats. Le sort de Brice Laccruche Alihanga reste en suspens, et le Gabon tout entier attend de voir quelle direction prendra ce procès hautement médiatisé.

Le dénouement de ce procès pourrait bien avoir des répercussions significatives sur le paysage politique et judiciaire gabonais, ajoutant une nouvelle page à l’histoire tumultueuse du pays.

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