Une véritable cabale semble être orchestrée contre le directeur de cabinet d’Ali Bongo, au Gabon : face au grand déballage, même une partie de l’opposition s’insurge… Les clefs de la pièce de théâtre qui se joue au sommet de l’Etat, à Libreville.
Ces derniers jours, plusieurs opposants ont pris, de manière inhabituelle, la parole pour dénoncer le procédé visant à étaler sur la place publique des documents privés concernant Brice Laccruche Alihanga, le jusque là tout puissant et intouchable Directeur de Cabinet du Président Ali Bongo.
Depuis plusieurs semaines en effet, une poignée d’activistes, membres de la diaspora-pro Jean Ping, s’échinent sur les réseaux sociaux à répandre des rumeurs à l’encontre du directeur de cabinet d’Ali Bongo. On lui a d’abord prêté une romance avec la première dame. Puis, la ficelle étant un peu grosse, voilà qu’on lui prête des ambitions présidentielles, tout en lui déniant la nationalité gabonaise.
Dans tous les cas, l’objectif est le même. Enfoncer un coin entre le président et son directeur de cabinet. Une stratégie un peu enfantine, qui fait sourire en haut-lieu…
« Les mouches ont changé de coche », commente un membre de la présidence. « Ali Bongo étant de retour au Palais du Bord de mer et ayant repris le travail comme avant, ces individus, qui hier répandaient la nouvelle de sa mort, ont, pensent-ils, trouvé un nouvel angle d’attaque en s’en prenant à son directeur de cabinet », décrypte-t-il dans un rictus ironique.
Mais si l’histoire fait sourire au Palais, ça n’est pas le cas ailleurs. Beaucoup dans la majorité sont montés au créneau pour critiquer « cet étalage sur la place publique de documents privés, saupoudrés d’une pincée de mensonges éhontées. », comme comme le démontre un post du ministre de l’Eau, de l’Energie et des Mines, Tony Ondo Mba sur sa page Facebook. Mais ils ne sont pas les seuls.
Nombreuses ont également été les voix à s’élever du côté de l’opposition pour s’insurger contre « ces procédés qui n’ont pas leur place en politique. » Manifestement soucieux de se démarquer de ceux qui mènent une telle cabale, ils dénoncent « un petit groupe d’activistes qui, depuis la région parisienne, répandent des rumeurs et de fausses nouvelles. » De fait, la plupart de celles-ci sont lancées depuis le blog de Mediapart (auquel tout le monde a accès, pour peu qu’on prenne la peine de s’y inscrire) sous la plume de Céline Alexandre, qui se présente comme blogueuse. En réalité, un pseudonyme utilisé pour rédiger des billets au ton souvent hostile, à l’encontre de Brice Laccruche Alihanga et de la Première dame, Sylvia Bongo Ondimba.
« Ça, ça ne vient pas de chez nous. En politique, on peut être adversaire, mais il y a des limites à respecter, des règles à observer. Et là, elles ont été franchies », dit un lieutenant de Guy Nzouba Ndama, considéré comme le nouveau leader de l’opposition au Gabon.
Une perception largement partagée au sein de l’opposition gabonaise, où les affrontements avec la majorité sont pourtant loin de se faire à fleuret moucheté.
En témoigne notamment la réaction de l’opposant Franck Nguema, fraîchement nommé en janvier dernier ministre délégué à l’Environnement. « Je suis scandalisé de voir sur les réseaux sociaux l’acte de mariage des parents de @BriceLaccruche ! », a-t-il écrit sur sa page Facebook. « Faire de la politique ainsi, c’est se tromper de métier ! L’art de la ‘Politikè’ c’est le ‘principe de réalité’ et non le principe de plaisir à ‘fouiller dans les poubelles’ », a-t-il dénoncé.
Autre réaction marquante, celle de l’économiste, proche de l’opposition, Mays Moussi, très suivi sur les réseaux sociaux. « En ce moment au Gabon si tu t’appelles Laccruche on a le droit de publier sur Facebook: ton passeport, ton bulletin de note du lycée, tes résultats au bac, des PV d’audition confidentiels de la PJ, l’acte de mariage de tes parents. Je ne defends personne mais j’imagine que quand on vous réservera le même sort ça ne derangera personne. Le respect de la vie privée est aussi un droit fondamental, même quand on est le père ou la mère de Brice Laccruche Alihanga », a écrit sur twitter celui dont les analyses, précises et objectives, sont particulièrement prisées de ceux qui s’intéressent à l’actualité au Gabon.
Nommé en août 2017 directeur de cabinet de la présidence de la République par Ali Bongo Ondimba, Brice Laccruche Alihanga, dont le père est bel et bien gabonais, qui a vécu son enfance au Gabon et y a fait toutes ses études, est très lié au chef de l’Etat et à sa famille, en particulier à son fils aîné, Nourredine. Il est également apprécié de la jeunesse gabonaise qu’il côtoie quasi-quotidiennement. « BLA », comme le surnomment ses proches, est en effet adepte des descentes impromptues sur le terrain. Un exercice auquel il se livre plusieurs fois par semaine. L’occasion pour lui de prendre le pouls de la population.