Gabon : Oligui Nguema et la tentation du pouvoir


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Brice Oligui Nguema, président de la Transition du Gabon
Brice Oligui Nguema, président de la Transition du Gabon

Au Gabon, plus la date de la Présidentielle du 12 avril approche, plus la candidature du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, semble évidente. Même si le général, tombeur d’Ali Bongo, reste pour l’instant silencieux, tout semble indiquer qu’il briguera la magistrature suprême.

Sera-t-il ou ne sera-t-il pas candidat ? Telle est la question qu’on pourrait légitimement se poser à l’heure actuelle au sujet du président de la Transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema. Pour l’instant, le dirigeant préfère entretenir le flou, ne se déclarant ni pour ni contre sa candidature. Mais sur place, cette candidature est très sollicitée.

« Oligui Nguema 100 % » à l’assaut du Président

Ce samedi, un mouvement dénommé « Oligui Nguema 100 % », qui n’est pas le premier et ne sera certainement pas le dernier du genre, a effectué une sortie médiatique pour appeler Brice Clotaire Oligui Nguema à se porter candidat à la prochaine élection présidentielle du Gabon. Le mouvement est mis en place par un groupe de 24 députés, huit sénateurs, un parterre de hauts cadres de l’administration et de leaders de diverses associations.

Parlant du général Oligui Nguema, le président du mouvement, Joël Ngoueneni Ndzengouma, a déclaré, face à la foule présente à la manifestation : « Nous l’appelons à être candidat à la présidence de la République. Ce qu’il nous dira, nous ferons ». Et d’ajouter : « Faisons une chaîne de prière afin qu’il accepte d’être candidat ».

Les civils sont-ils incapables de gouverner ?

Pour les membres du mouvement « Oligui Nguema 100 % », tous les moyens sont bons pour justifier leur soutien au général ; tous les arguments sont valables, des plus farfelus aux plus saugrenus. Dans cette catégorie d’arguments tirés par les cheveux, il faut sans doute ranger ces propos du député Gérard Ondjambi Onguia, membre du mouvement du Gabon: « Les militaires qui se sont retirés ont fini par revenir pour terminer le travail qu’ils ont commencé. Peut-être n’y a-t-il pas besoin qu’ils se retirent pour revenir, pourquoi ne pas continuer ? ». En tenant de tels propos, le député jette l’opprobre sur la classe politique gabonaise et fait preuve d’un réel pessimisme en remettant en cause la capacité des civils à diriger.

Pour l’instant, Brice Oligui Nguema ne se prononce pas. Mais, le procédé utilisé est classique : rester en retrait et alimenter des mouvements pour susciter sa propre candidature et se prévaloir après d’un appel du peuple auquel on ne saurait ne pas répondre. Sans doute, après plusieurs mois de présidence, Brice Oligui Nguema est séduit par le pouvoir.

Même si le chef n’était pas personnellement porté vers un tel dessein, la tentation pourrait provenir de la pression constante de son entourage et de ses thuriféraires qui pourraient rapidement réussir à le prendre en otage. Mais, c’est en sachant s’élever au-dessus de ces velléités qu’un chef sort grandi et fait une entrée remarquable dans l’histoire. Brice Clotaire Oligui Nguema saura-t-il faire ce choix et s’en tenir à sa promesse d’organiser les élections et de retourner le pouvoir aux civils après une transition de deux ans ? La balle est dans son camp.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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