Les responsables de la société civile et des communautés religieuses ont organisé samedi à Libreville une marche contre les crimes rituels à laquelle a participé la première dame du Gabon, Sylvia Bongo, le président de l’Assemblée nationale, Guy Zouba Ndama et quelques parlementaires.
(De notre correspondant à Libreville)
La première dame du Gabo, Sylvia Bongo était au front samedi, contre les crimes rituels. Elle a participé à une marche organisée par la société civile et les communautés religieuses, en vue de dénoncer ce fléau, qui endeuille chaque année au Gabon de nombreuses familles. « Ne nous tuez plus. Laissez nous vivre. Toute vie est sacrée», « Stop aux crimes de sang au Gabon », « Les crimes rituels sont une honte pour le pays », pouvait-on lire sur les banderoles tenues par les manifestants.
La marche a débuté vers 10 heures locales au rond point de la démocratie. Les manifestants ont pris le Boulevard Triomphal et se sont arrêtés à l’Assemblée nationale, où ils ont remis un mémorandum au président de cette institution, Guy Zouba Ndama, lequel a rejoint la marche revendicative, accompagné de quelques parlementaires.
« J’ai pris part à cette marche parce que j’estime que trop c’est trop. Si rien n’est pas, demain je pourrai être la prochaine victime ou l’un des mes parents », a déclaré un manifestant, sous couvert de l’anonymat.
« Nous voulons exprimer avec cette marche notre soutien à tous ceux qui ont déjà perdu un proche, assassiné par une main invisible, jamais identifiée et jamais inquiétée. Nous ne voulons plus vivre la cruauté des hautes personnalités de ce pays, qui sont derrière les assassinats macabres et le prélèvement des organes humains. Nous vivons dans la psychose au Gabon », a déclaré pour sa part Arnaud Moulenga, leader de la société civile gabonaise.
Président des crimes rituels
« Nous voulons que notre chef de l’Etat soit le président de l’émergence et non le président des crimes rituels. Le Gabon a beaucoup de problèmes : les coupures d’électricité, le chômage, la cherté de la vie, absence de logements et l’insécurité. C’est grave. Il faut que ça change », a lancé Parfait Biyoungou, réclamant plus de justice, afin que les commanditaires des crimes rituels et les assassins soient mis hors d’état de nuire. Il a plaidé aussi pour un meilleur partage des richesses du pays.
Les manifestants sont arrivés également au palais présidentiel, où ils ont remis un mémorandum cette fois-ci au chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, qui a prononcé un discours musclé devant plus de 2000 manifestants.
En gros le président gabonais a demandé aux magistrats de faire correctement leur travail, afin que cesse l’impunité. Ce n’est pas normal selon lui que les « voleurs de poules soient mis en prison », alors que les vrais délinquants et criminels sont toujours en liberté. « La justice ne punit que les pauvres », a-t-il dénoncé, soulignant que si cet état de chose perdure, les populations se livreront bientôt à la justice populaire, « expéditive et souvent excessive ». En tout cas, en sa qualité de premier magistrat, il s’est engagé personnellement à tout mettre en œuvre afin que les assassins et les commanditaires des crimes rituels soient désormais démasqués et jetés en prison. La justice sera sans clémence » pour ceux qui ôtent la vie des autres et la police aura plus de moyens modernes pour faire son travail d’enquête, a-t-il affirmé.
Six leaders de la société civile, entre autres, Georges Mpaga, Auguste Eyené, Kissambo Junior et Blanche Abeghé, qui voulaient organiser une manifestation parallèle au quartier Nzeng-Ayong, dans le 5e arrondissement de Libreville, ont été interpellés par la police et relâchés quelques heures après. «Nous voulions marcher pour célébrer l’anniversaire de la mort de Bob Marley et pour dénoncer la recrudescence des crimes rituels au Gabon », a expliqué Marc Ona Essangui, un des responsables de la société civile.
« Nous n’allons pas lâcher la pression sur le gouvernement. Il faut mettre un terme aux crimes rituels. Le droit de manifester est constitutionnel et nous n’avons pas besoin d’une quelconque autorisation pour nous exprimer », a renchéri Georges Mpaga.