Le Gabon a annoncé la levée du couvre-feu instauré depuis août 2023, après le coup d’État qui a renversé le Président Ali Bongo Ondimba. Cette décision a été prise par les autorités de la transition, avec une annonce officielle du général Félicien Koyi, directeur de cabinet de la ministre de la Défense, sur la chaîne Gabon 24. Le couvre-feu, qui avait été progressivement assoupli au fil des mois, est désormais suspendu « jusqu’à nouvel ordre ».
Depuis son instauration après le renversement d’Ali Bongo, le couvre-feu était perçu comme une mesure d’urgence pour assurer la stabilité du pays. Cependant, au fil du temps, de nombreux Gabonais ont commencé à se demander s’il était toujours nécessaire. Certaines personnes s’inquiétaient également des mauvais traitements infligés à ceux qui étaient interpellés lors des contrôles aux points de barrage, notamment des humiliations publiques et des violences verbales. Pour beaucoup, le couvre-feu semblait être une contrainte de plus dans un quotidien déjà difficile.
Permettre aux Gabonais de célébrer les fêtes de fin d’année
Dans son annonce, le général Koyi a précisé que la levée du couvre-feu visait à permettre aux Gabonais de célébrer les fêtes de fin d’année dans un climat de tranquillité, de cohésion et de communion. Il a également souligné que cette décision prenait en compte les difficultés rencontrées par de nombreux travailleurs nocturnes. « Plusieurs de nos compatriotes gagnent leur vie la nuit », a-t-il déclaré, faisant référence à ceux dont les activités professionnelles se déroulent après la tombée de la nuit.
Cette annonce a été accueillie favorablement par certains citoyens, qui ont vu dans cette levée du couvre-feu une forme de retour à une vie normale. Leonel Engonga, président de l’association SOS Prisonniers Gabon, a qualifié cette décision de « soulagement ». Il a expliqué que le couvre-feu, bien qu’il ait été justifié par des raisons de sécurité, avait fini par devenir un fardeau pour la population, notamment pour les travailleurs de nuit.
Colère et l’incompréhension de la population
Dans une déclaration à RFI, Engonga a souligné que de nombreux Gabonais, surtout ceux dans le secteur informel, étaient contraints de travailler tard le soir, rendant difficile leur retour à la maison avant le couvre-feu. La levée de cette mesure est perçue comme une réponse aux frustrations accumulées par ceux qui souffraient des restrictions. Le 17 décembre, Engonga a également dénoncé les abus auxquels étaient soumises certaines personnes interpellées lors des contrôles de sécurité.
Selon lui, des citoyens étaient parfois traités de manière « humiliant et dégradante », et certaines personnes étaient forcées de se raser ou étaient exhibées sur les réseaux sociaux. Ces agissements ont renforcé la colère et l’incompréhension de la population, en particulier dans un contexte où la sécurité était déjà un sujet de préoccupations suite aux changements politiques survenus en août 2023.
Inquiétudes concernant la gestion de la transition
La levée du couvre-feu s’inscrit dans un contexte de transition politique après le coup d’État qui a renversé Ali Bongo Ondimba après 14 ans de pouvoir. Le général Brice Clotaire Oligui Nguema, chef des forces spéciales de l’armée, a pris la tête du pays, et son gouvernement a instauré une série de réformes, dont la mise en place de cette mesure de couvre-feu. Bien que certains aient salué l’arrivée du nouveau régime, notamment pour sa promesse de restaurer la stabilité et de lutter contre la corruption, d’autres ont exprimé des inquiétudes concernant la gestion de la transition.
La levée du couvre-feu est donc un geste significatif, qui pourrait être perçu comme une ouverture du pouvoir militaire envers un retour à la normalité, tout en maintenant les mesures nécessaires pour garantir l’ordre public. Cependant, la question de la durée de cette transition politique demeure. Après le coup d’État de 2023, de nombreuses incertitudes planent sur l’avenir politique du Gabon. Le nouveau régime militaire, dirigé par Nguema, a promis d’organiser des élections, mais la date et les modalités restent floues.