Gabon : les dessous de l’achat de l’hôtel « Pozzo Di Borgo » à Paris


Lecture 5 min.
arton23475

Selon un communique officiel de la présidence de la République gabonaise publié le mercredi 19 Mai 2010 (voir Annexe 1), un hôtel particulier connu sous le nom de  »hôtel Pozzo Di Borgo » avait été acquis le 21 Avril 2010 à Paris par l’État gabonais et au profit de l’Ambassade du Gabon en France. Cet hôtel particulier devait entre autres permettre d’héberger les délégations gabonaises de passage en France et servir d’espace d’échange et de travail aux résidents gabonais en France et en Europe.

Si le prix astronomique (environ 100 millions d’Euros) de cet hôtel particulier du XVIIIe siècle a déjà fait couler beaucoup d’encre et suscité des interrogations au vu de la misère quotidienne de la majorité de gabonais, les circonstances d’achat de ce bien immobilier révèlent quant à elles des pratiques peu orthodoxes de l’administration  »émergente » d’Ali Bongo.

En effet, la simple consultation des extraits K-Bis des deux SCI propriétaires de l’Hôtel particulier  »Pozzo Di Borgo » et rachetées par l’Etat Gabonais (voir ANNEXES 2 et 3) est édifiante. Elle indique que leur nouveau gérant n’était autre que Maixent Nkani Accrombessi, a l’époque chef de cabinet d’Ali BONGO et depuis promu tout puissant Directeur du Cabinet présidentiel.

La question qui se pose dès lors est de savoir comment un haut fonctionnaire  »en fonction », en l’occurrence le chef de Cabinet du président de la République, pouvait-il se retrouver Gérant de deux SCI, détentrices d’un bien de l’État acquis au profit d’une ambassade?

Pour parallèle, imaginons Claude Guéant, à l’époque dans ses fonctions de Secrétaire général de l’Élysée, se retrouvant à gérer personnellement des biens immobiliers achetés par l’État Français. Cela provoquerait sans aucun doute une  »Affaire d’État » dans l’Hexagone.

Ainsi, la lecture des Actes de cession des parts des SCI au profit de l’Etat Gabonais établies le 21 Avril 2010 contredisait même les plus ardents défenseurs qui essayaient d’argumenter sur le simple résultat d’une délégation de pouvoirs.

En effet, comme l’indiquent les expéditions notariées et actes de cession des parts inhérents aux SCI  »VAL And CO » et  »49-51 rue de l’Université », Messieurs Maixent Nkani Accrombessi et Blaise Louembe avaient été mandatés par l’État Gabonais pour l’achat de l’hôtel particulier  »Pozzo Di Borgo ».

Monsieur Blaise Louembe, en sa qualité de ministre de Budget de l’époque, était tout naturellement habilité à représenter l’État gabonais pour l’établissement d’un tel acte tandis que Monsieur Maixent Nkani Accrombessi, alors Chef de Cabinet du président de la République (qualité d’ailleurs non précisée dans l’acte de Cession des part), se devait de produire pour ce faire une  »procuration » du président de la République gabonaise datée du 9 Avril 2010, l’autorisant à agir en son nom.

Chose curieuse, les Actes de cession indiquaient que la procuration de Monsieur Nkani Accrombessi, avait été légalisée par Madame l’ambassadeur, Haut-Représentant de la République Gabonaise en France le 19 Avril 2010, qui était donc de fait au courant de l’affaire.

Ainsi, sachant que l’hôtel particulier  »Pozzo Di Borgo » était acheté au profit de l’Ambassade du Gabon en France, l’on se demande pourquoi le ministre des Affaires étrangères ou encore Madame l’Ambassadeur, Haut-Représentant de la République Gabonaise en France tous deux légitimement habilités n’avait pas été  »mandatés » pour établir et parapher avec le ministre du Budget lesdits actes de cession des parts des deux SCI.

Quelle était donc l’utilité de la procuration et de facto du Mandat de Monsieur Nkani Accrombessi ?

Les procès-verbaux d’Assemblées générales extraordinaires des deux SCI  »VAL And CO » et  »49-51 rue de l’Université » établies le même 21 Avril 2010 a 16 heures (voir ANNEXE 6 et 7) permettaient de constater trois résolutions identiques.

La première résolution des deux procès-verbaux, qui portait sur le Capital et les parts sociales, consacrait l’Etat Gabonais comme propriétaire des deux SCI.

Les secondes et troisièmes résolutions traitaient de la désignation d’un nouveau gérant en la personne de Monsieur Maixent Nkani Accrombessi ainsi que de ses attributions, prérogatives et émoluments.

Enfin, les deux Procès-Verbaux d’Assemblées générales extraordinaires ne seront paraphés que par Monsieur Nkani Accrombessi alors que Monsieur Blaise Louembe était également mandaté et qui plus est légitimement habilité a représenter le Gabon pour l’établissement de tout acte inhérent a l’achat de l’hôtel particulier.

Le manquement d’éthique tout du moins, pour ne pas dire l’acte délictuel avéré de Monsieur Nkani Accrombessi (agent immobilier de métier) ayant été établi au moyen de la procuration du chef de l’Etat gabonais, la dernière question restait de savoir si Monsieur Ali Bongo avait avalisé ce processus ou dans le cas contraire s’il prendrait des mesures disciplinaires à l’encontre de son homme de confiance après ses promesses de bonne gouvernance et d’émergence.

Qui vivra verra.

En attendant, la République Gabonaise vient de se doter d’un nouveau joyau immobilier cette fois ci aux U.S.A. Il s’agit de la somptueuse résidence du défunt Ted KENNEDY acquise  »au profit » de l’Ambassade du Gabon aux Etats-Unis pour une somme avoisinant les 7 millions de dollars. On notera que pour cet achat, c’est bien le ministère des Affaires étrangères qui s’est occupé de la transaction.

ANNEXES

Annexe 1: communique du Gouvernement gabonais

Annexes 2,3 = Extrait KBIS SCI 49-51….. et SCI Val and Co

Annexes 4 , 5= Expéditions notariées (Actes de cession) SCI 49-51….. et SCI Val and Co, regarder respectivement page 11 et page 11

Annexes 5 et 6 = Procès verbal d’AG Extraordinaire des SCI 49-51….. et SCI Val and Co, voir respectivement pages 3 a 4 et pages 2 a 3

Pour télécharger L’expédition notarié SCI n° 49-51 rue de l’Université et Val and Co cliquez ici

Photos de l’hôtel particulier  »Pozzo Di Borgo’ sur le site

Logo Afrik.com
La rédaction d'Afrik, ce sont des articles qui sont parfois fait à plusieurs mains et ne sont donc pas signées par les journalistes
Facebook Instagram
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News