Les habitants d’une partie de la vallée de Sainte-Marie ont été déguerpis, mercredi dernier, par une équipe de la direction générale de l’urbanisme qui a fait une descente musclée sur le terrain. Les populations désemparées par « ce coup de force inattendu » demandent un délai de grâce aux responsables du ministère de l’Urbanisme. Reportage.
Notre correspondant au Gabon
« Plusieurs bars et points de commerce ont été détruits par les engins », affirment les victimes, visiblement très affectées. « La convention de déguerpissement qui nous a été remise n’a pas été respectée par la tutelle. Nous devrions selon les termes de cette convention quitter les lieux au plus tard le premier novembre, mais pas avant », s’est indigné un habitant brandissant la convention de déguerpissement signée par la direction générale de l’urbanisme.
A vue d’œil, les maisons d’habitation n’ont pas été touchées au cours de ce premier coup de force. Seuls les points de commerce ont été écrasés. Mais selon certains témoignages recueillis sur place, beaucoup de locataires de ces espaces commerciaux mis en lambeaux, pour éviter de faire des doubles dépenses, choisissent souvent d’établir leurs lits derrière les comptoirs des boutiques. Ceux là certainement passeront la nuit à la belle étoile s’ils ne peuvent bénéficier de l’hospitalité des amis et des parents.
Des locataires abusés
« J’ai payé le loyer ce matin et mon bailleur, qui a reçu l’indemnité de déguerpissement, savait qu’on devrait nous chasser. Il ne m’a rien dit. Je dormais dans mon bar avec ma petite sœur et maintenant nous nous retrouvons dehors. Qu’est-ce que nous allons faire ? Nous n’avons pas de famille à Libreville », s’est plaint une opératrice économique, visiblement très abattue.
Comme cette dame, plusieurs locataires avaient déjà payé leur loyer, certains le matin même du sinistre. La plupart ne seront jamais remboursés par les vrais propriétaires des lieux. Lesquels selon certaines sources auraient même fait des pressions aux locataires avant de leur extorquer de l’argent, sachant bien par le biais de la rumeur que ces derniers devraient être forcer de partir. Mais tous n’ont pas cédé aux pressions des bailleurs bandits. Quelques uns, plus malins, à l’exemple de Moussa, commerçant sénégalais, ont fui leurs bailleurs, le temps de voir plus clair.
Quelques jours avant ce coup de force, le gouvernement a pris soin de verser l’indemnité de déguerpissement aux propriétaires des maisons. Mais rien ne présageait la démolition anticipée des surfaces commerciales. Les textes signés par l’Urbanisme donnant droit aux déguerpis de quitter les lieux au plus tard le 31 octobre. Certains analystes estiment que cette descente musclée sur le terrain et la destruction des bars et autres points de commerce doivent être interprétée comme un avertissement à l’endroit des déguerpis indemnisés qui, souvent, reçoivent de l’argent mais jouent après avec les clauses signées, refusant même de libérer les lieux.