Les actes de vandalisme se multiplient à Libreville depuis l’annonce, hier, des résultats de la présidentielle. Les magasins tenus par les étrangers sont pillés et saccagés. Des barricades sont dressées dans les rues des quartiers chauds de la capitale gabonaise, alors que des pneus sont brûlés sur les places publiques par les manifestants hostiles à Ali Bongo, nouveau président élu du Gabon.
Notre correspondant au Gabon
Les commerçants étrangers qui sont la cible des vandales dénoncent des actes de xénophobie. « Nos boutiques sont saccagés tout simplement parce que nous ne sommes pas Gabonais et personne n’assure notre protection », a lancé Stéphanie Timé, béninoise, vendeuse de produits cosmétiques au marché de Nkembo où les vandales ont pillé dans la seule journée de jeudi plus de 200 magasins appartenants aux expatriés, et emportant entre autres les appareils électro-ménagers, les chaussures et les habits.
Ces commerçants nourris du sentiment d’infériorité et la peur au vendre, n’avaient que leurs yeux pour constater les dégâts. « Nos magasins ont été pillés devant nous », a affirmé un vendeur de chaussures, ajoutant que la plupart des commerçants expatriés se sont retirés devant la fureur des vandales, afin de sauver leur vie, laissant derrière eux le fruits des longues années de travail entre les mains des voleurs.
Les étrangers soupçonnés d’avoir soutenu frauduleusement Ali Bongo
Les habitants du quartier Nkembo, que nous avons interrogés pour connaître l’origine de cet acharnement contre ces commerçants, expliquent que les étrangers de façon général sont très mal vus en ce moment par les supporters des leaders de l’opposition qui accusent ces derniers d’avoir acquis frauduleusement la citoyenneté gabonaise, afin de voter Ali Bongo Ondimba, lui-même considéré par une partie de la population comme un simple fils adoptif de feu Omar Bongo Ondimba.
Au moment où nous rédigeons cet article (11 heures TU), la tension commence à baisser à Libreville où la circulation reprend petit à petit, même si de nombreux magasins restent encore fermés. A Libreville, de nombreuses voix s’élèvent déjà pour appeler au calme et au respect de la légalité.