Abrupt, mais ne manquant nullement d’intelligence, brutal sans être sot, rancunier et obstiné à la fois, calculateur mais manquant souvent de réussite, ce journaliste qui revendique diverses amitiés dans le landernau politique, n’a pu maintenir en vie son bi-mensuel qui n’aura fait que deux sorties. Après ce grand échec, il s’était fait un peu discret. Maintenant, il refait surface. Mais du fait de sa pratique du journalisme marquée essentiellement, voire uniquement, par des attaques au vitriol, Obame Ngomo est rejeté par la corporation. A cause aussi de son intransigeance et de son irrépressible complexe de supériorité, il est en effet considéré comme un « spécimen » parmi les hommes et femmes de médias.
Dans l’opinion, notamment chez les proches de Jean Ping, on le dit calculateur, « toujours à la solde de quelqu’un, toujours à la recherche d’une pitance ». Un jugement peut-être assez dur. Mais toujours est-il que Télésphore Obame Ngomo est considéré comme « un mercenaire de la plume ». En un mot comme en mille, ils disent là-bas que lorsqu’une personnalité politique veut « attaquer » une autre personnalité, c’est à ce free-lance qu’elle devrait s’adresser, « car il sait faire, il a le talent pour ». Il est ainsi rémunéré à la tâche. Selon un confrère qui l’a fréquenté, Télésphore Obame Ngomo aurait « toujours besoin d’argent ». Il met donc son talent -il n’en manque pas- à la disposition de ses « commanditaires ». C’est pourquoi, ses écrits suscitent souvent, sinon toujours, de la suspicion. « Qui l’a payé pour faire ça ? », entend-on souvent dire dans le microcosme politique et même parmi les journalistes.
Mais se faire écrire un papier par lui exige en retour de lui offrir un immense bol de riz ! Car, il ne suffit pas de promettre, il faut faire. Sinon ? Sinon, c’est la castagne. Beaucoup d’hommes politiques l’ont appris à leurs dépens. Il a fini par retourner sa plume contre eux. Et dans ce domaine, il est sans égal. S’étant fait le spécialiste d’un anticonformisme rétrograde, il aime à apparaître comme l’Ivan Rioufol gabonais. Comme un boxeur, il frappe uppercuts sur uppercuts. D’un coup de griffe, il fracasse une amitié. D’un coup de plume, il se livre à son activité favorite : régler ses comptes à d’anciens amis. D’un coup de plume, d’un coup de griffe, il efface toute une vie. L’actuel président de la Haute Autorité de la Communication (HAC) en sait quelque chose, lui qui a partagé une longue amitié avec l’intéressé.
Certains de ses confrères qui indexent son inextinguible volonté de nuire ont fini par lui tourner le dos. Il n’est plus invité sur les plateaux de télévision. Aucune rédaction de presse écrite ne veut lui céder ses colonnes. Alors, il a créé son blog, « véritable instrument de destruction massive ».
Il serait un « homme plein de ressentiments » , un homme qui semble en vouloir à la terre entière pour avoir vu son ancien ami Raphaël Ntoutoume Nkoghé arriver à la tête de la HAC.
Dans son entourage, on pense que ce narcissique en voudrait aussi à la terre entière pour n’avoir pas réussi comme ses frères et sœurs médecins, architecte, ingénieur, ingénieur informaticien. Vrai ou faux ? On ne saurait l’affirmer. Lui se vanterait, semble-t-il, d’avoir…une bonne culture générale.
En réalité, le pseudo-journalisme de Télésphore Obame Ngomo masque une envie irrépressible de faire le buzz, de se mettre en avant, et de régler des comptes à ceux qui ont pu s’opposer à ses positions. Cette conception du journalisme qui fait que l’article est moins important que son auteur a été maintes et maintes fois décriée sous d’autres cieux. Au Gabon, c’est Obame Ngomo qui la met en pratique ! Avec des articles très souvent à charge dans lesquels personne ne trouve grâce à ses yeux.
On dit aussi de ce personnage qu’il a un caractère instable. Nul ne sait s’il a toujours eu ce caractère instable. Nul ne sait si c’est ce caractère instable qui l’a fait passer, en 2016, de Jean Ping à Ali Bongo, après deux entretiens « fructueux » avec Maixent Accrombessi, avec toujours la même hargne dans les positions et les attaques, avec toujours le même aplomb, le même bagout ! Même quand il change de position, il garde la même hargne. Un jour, il vient vous dire sur TV+ pourquoi le septennat d’Ali Bongo est un échec et vous donne les raisons pour ne pas lui renouveler le bail à la présidence de la République. Trois semaines plus tard, il vous jure sur TéléAfrica que Jean Ping ne serait pas un bon Président et qu’il faudrait lui barrer la route qui mène au firmament. Avec ces positions successives, il passe pour être un maître dans l’art de la voltige et de la versatilité.
Ce pseudo-journalisme qui ne sert qu’à attaquer, agresser et vilipender
Ni production littéraire ou scientifique, ni acte de légende à l’instar d’un Désiré Ename dont on se souvient de l’acte de bravoure devant le Conseil national de la Communication (CNC), il y a quelques années, mais Obame Ngomo est là sur la place, il est là sur la scène publique, il sonne le tocsin pour attaquer, agresser, vilipender ceux pour lesquels il a reçu une commande ou quiconque ne lui aurait pas donné l’obole sollicitée, ou plutôt exigée.
Avec sa rhétorique guerrière, Obame Ngomo surprend toutefois par son obséquiosité lorsqu’il est reçu par de hautes personnalités. L’une d’entre elles s’étonnait d’autant de salamalecs de la part de ce monsieur lors d’un entretien. Le dur à cuire devient-il parfois un tigre en papier ? « N’est pas téméraire qui veut », comme le dit un de ses proches. En son temps, Clémenceau affirmait que « la guerre est une affaire trop sérieuse pour être confiée aux militaires », Serge July, lui, déclara un jour que « le journalisme est une affaire trop sérieuse pour être abandonnée aux apprentis-sorciers qui, à chaque trait de plume, blessent, provoquent, défient ».
« C’est mon neveu, un gars bien, direct et franc ; il aurait pu être l’un des meilleurs de sa génération dans ce secteur du journalisme, mais il met sa plume à contribution pour ne faire que de l’esbroufe… Le jour où il fera un article non calculé et même un peu objectif, il recevra les félicitations de toute la corporation, mais pour le moment, il en est loin », disait de lui un ancien Rédacteur en Chef de l’Agence Gabonaise de Presse. « A quoi sert en effet le talent si on ne le met qu’au service du mercenariat ou quand on s’en sert dans la seule optique de vilipender ? »
Les écrits de Télésphore Obame Ngomo semblent en fait tirer leur essence de ses échecs successifs, de rancœurs tenaces et de rancunes enracinées, ou de n’être que le triste résultat d’une commande. « Tous ses mots portent en eux les germes de la commande à satisfaire, où dire et écrire, c’est exister et se nier à la fois », comme l’aurait dit Bernard Rapp, journaliste et essayiste français. Ses mots semblent être la résultante d’offres de service de l’un des derniers mercenaires de la plume au Gabon. Peu crédibles, peu enthousiasmants aussi. Ceux qui le lisent disent être souvent restés sur leur faim. Car le journalisme, ce n’est pas l’humeur, mais les faits.
Obame Ngomo s’est aussi essayé à la politique avec le mouvement Honneur et Dignité qui ne connaîtra pas une meilleure issue que Le Verbe de Ngomo, le bimensuel qu’il avait créé. Là aussi, échec et mat ! Un jour, lors d’une participation à un talk-show sur Africa 24, Babylas Boton, exaspéré par la très grande facilité de Télésphore Obame Ngomo à vouloir lui faire prendre des vessies pour des lanternes, lui lance en pleine poire : « Non, M. Ngomo, ne dîtes pas des choses qui n’existent pas ». C’est tout Télésphore. Toujours en train de faire de petits arrangements avec la vérité… C’était le 24 novembre 2019.
Gervais-Philippe Aimé IKAPI / Enseignant et Observateur des Faits de société