Le parlement gabonais a adopté mardi un nouveau projet de révision constitutionnelle. Les nouvelles dispositions consacrent plus de droits au président de la République, notamment en matière de défense nationale et dans les cas de troubles graves susceptibles de menacer l’indépendance du pays et l’intégrité du territoire national.
Le députés et les sénateurs réunis mardi à Libreville en congrès au palais national Léon Mba, siège de l’Assemblée nationale, ont adopté par 177 voix contre 16, la nouvelle mouture de la Constitution. Les modifications de la loi fondamentale portent sur 3 paragraphes et 36 articles. Ce vote vient de mettre à une longue polémique entre la majorité républicaine de l’émergence et les partis de l’opposition qui a rejeté cette révision de la Constitution.
« L’évolution des pratiques ayant cours de par le monde, s’agissant notamment de l’impact des situations de crise sur le jeu des institutions, conjuguée à notre propre expérience, montrent que la loi fondamentale se heurte aujourd’hui à des contingences diverses qui l’obligent à s’adapter à la réalité’ », avait justifié il y a quelques semaines le Premier Ministre gabonais, Paul Biyoghé Mba, défendant le projet de révision constitutionnelle, devant les parlementaires.
Les nouvelles dispositions constitutionnelles qui ont été adoptées mardi par les députés et les sénateurs consacrent plus liberté et de droits au président de la République, notamment en matière de défense nationale et dans les cas de troubles graves susceptibles de menacer l’indépendance du pays et l’intégrité du territoire national.
Ces nouvelles dispositions font passer de 45 à 60 jours la période de transition politique et obligent désormais les postulants aux fonctions présidentielles à résider de façon régulière au moins pendant 12 mois sur le territoire national. Elles recadrent également l’exercice des libertés syndicales, d’associations et de cultes.
Pas de limitation de mandats
Le porte-parole du groupe parlementaire des forces du changement, Zacharie Myboto qui a récusé cette révision constitutionnelle, a estimé que cette dernière vise tout simplement à renforcer la dictature au Gabon en donnant plus de pouvoir au chef de l’Etat.
Il a déclaré qu’une révision de la Constitution qui n’apporte pas les grands changements souhaités par la majorité du peuple n’est pas opportune en ce moment. Il aurait souhaité que les nouvelles dispositions ramènent le scrutin uninominal à deux tours pour l’élection du président de la République et des députés, en vue de dégager en cas de besoin, une majorité absolue qui confère la légitimité réelle aux élus.
La question de la limitation à deux le nombre de mandats du président de la République, évoquée depuis quelques années par les partis de l’opposition, a été également ignorée par les initiateurs de cette révision de la Constitution. Ce qui a provoqué aussi un grincement de dents chez les opposants.
Selon toute vraisemblance, la nouvelle mouture de la loi fondamentale adoptée hier par les parlementaires a certainement pour objectif de donner plus de liberté au chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, pour mettre en musique son programme de société pour lequel il a été élu l’année dernière.