Le leader de l’Union du Peuple Gabonais (UPG, opposition), Pierre Mamboundou, dans une conférence de presse donnée la semaine dernière à Libreville, a accusé le Parti Démocratique Gabonais (PDG), au pouvoir depuis 40 ans, de préparer un coup d’Etat électoral en manipulant les instruments électoraux contre les partis politiques de l’opposition en perspectives des élections locales du 27 avril prochain.
Notre correspondant à Libreville
« Il nous a été indiqué que plusieurs milliers de cartes d’électeurs ont été imprimées par des responsables politiques du pouvoir qui ont aménagé des locaux spéciaux , en toute clandestinité, dans certains quartiers de Libreville et des villes de l’intérieur du pays , ces mêmes locaux sont utilisés pour l’établissement des fausses cartes nationales d’identité . » a déclaré Pierre Mamboundou.
Aussi, le président de l’UPG a remis en cause le collège électoral composé environ de 720.000 individus selon les chiffres publiés il ya quelques semaines par le ministère de l’Intérieur.
Il estime que ce chiffre avancé par le ministère de l’Intérieur « prend en compte des enfants n’ayant pas encore atteint l’âge électoral et des expatriés que la pratique électorale au Gabon conduit à détenir la nationalité gabonaise temporaire, par le biais des cartes nationale d’identité, des faux passeports et permis de conduire délivrés par nos compatriotes, sans état d’âme ni scrupules, à des fins essentiellement électorales. »
« Dire que 720.000 personnes sont inscrites sur les listes électorales sur une population gabonaise de 1.250.000 individus environ, c’est faire la promotion de l’aberration », a expliqué Pierre Mamboundou.
Des fraudes massives aux conséquences désastreuses
Pour le leader de l’UPG, les dysfonctionnements actuels des instruments électoraux permettent au PDG et à ses alliés de maintenir et, surtout, d’accroître leurs privilèges sociaux avec pour conséquence la poursuite du sous-développement au Gabon et la confiscation permanente de toutes les opportunités légales devant déboucher sur la sanction de la grande majorité du peuple gabonais.
L’UPG pointe du doigt le ministère de l’intérieur qualifié de « véritable orfèvre et adepte du recul démocratique » au Gabon et appelle à la sagesse du président de la Commission Electorale Nationale Autonome et Permanente (CENAP) pour prendre acte des manquements constatés et proposer, par conséquent, les rectificatifs qui s’imposent.
Pierre Mamboundou estime que les élections locales du 27 avril prochain, pour être crédibles, doivent être précédées de la mise en place des outils électoraux fiables, notamment l’établissement d’un fichier électoral objectif débarrassé des doublons. La mise en place de ces instruments électoraux fiables, permettra d’obtenir selon lui des résultats conformes au libre choix des gabonais et garantira une période postélectorale calme et sans constations.
La campagne électorale des élections locales du 27 avril du mois en cours a été ouverte le 12 avril dernier et depuis, tous les partis politiques en lisse y compris l’UPG ont lancé une véritable opération de charme envers les électeurs. Il ne se passe plus une soirée à Libreville sans causerie politique. C’est la période de distribution gratuite des tee-shirts, casquettes, boissons et billets d’argent. Chaque homme politique veut séduire le peuple dans une forme de clientélisme électorale au point où l’on se demande : quand nos peuples seront-ils éduqués au vrai sens d’une élection et d’un challenge politique ?