Gabon : la triste vidéo d’Ali Bongo qui devrait faire réfléchir les Présidents de carrière africains


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Ali Bongo
Ali Bongo

Ali Bongo suppliant dans une vidéo envoyée sur les réseaux sociaux. Un spectacle qu’on était loin d’imaginer, mais qui devrait faire réfléchir plus d’un.

Ali Bongo, Président du Gabon, vient d’être renversé par son armée. L’information fait le tour des médias, depuis les premières heures de cette journée du mercredi 30 août 2023. Celui qui tenait les rênes du Gabon depuis la mort de son Président de père, Omar Bongo Ondimba, en 2009, vient d’être placé en résidence surveillée par les militaires. Ces derniers ont décidé d’intervenir pour annuler l’élection chaotique dont Ali Bongo venait d’être déclaré, une fois de plus, vainqueur et de suspendre toutes les institutions du pays. C’est alors qu’une vidéo du Président déchu a été publiée sur les réseaux sociaux.

Ali Bongo appelant à l’aide

Sur la vidéo de 51 secondes, on voit Ali Bongo, visiblement déboussolé, s’exprimant non pas en français, mais en anglais. En substance, le Président déchu disait : « Je suis Ali Bongo Ondimba, Président du Gabon. J’adresse un message à tous les amis que nous avons dans le monde pour les inviter à faire du bruit (…) Mon fils est quelque part, ma femme, ailleurs, et moi, je suis à la résidence. Actuellement, je suis à la résidence et rien ne se passe. Je ne sais pas ce qui se passe. Donc, je vous demande de faire réellement du bruit. Je vous remercie ».

Inquiet de la situation, du sort réservé notamment à son épouse et à son fils, le Président déchu appelle à la rescousse. Il appelle ses amis dans le monde entier à faire du bruit pour voler à son secours. Lui qui, quelques jours plus tôt, semblait encore tout puissant. Lui qui pouvait faire couper Internet et instaurer un couvre-feu, appelle maintenant à l’aide via Internet à peine rétabli par ses tombeurs. Ironie du sort, pourrait-on dire.

Un vidéo chargée de leçons

Le spectacle donné par Ali Bongo, quelques heures à peine après sa déchéance, est tout simplement triste. Ali Bongo dans une telle posture ! Qui l’eût cru ? Ceci devrait amener beaucoup à réfléchir. Surtout ses homologues qui continuent de faire la pluie et le beau temps dans leur pays, modifiant les Constitutions à leur guise, truquant, à volonté et de façon effrontée, les résultats des élections. Renversant la volonté des populations avides de changement. Des chefs d’État qui, endossant le costume de la démocratie, n’ont rien de démocrate. Et qui, s’appuyant sur leurs armées, répriment, dans le sang, les populations qui tentent d’élever le ton pour dire non.

L’Afrique pullule encore de ces dirigeants complètement déconnectés de leur peuple et ne gouvernant que pour eux-mêmes. Faudrait-il leur rappeler cette belle affirmation de Jean-Jacques Rousseau : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit, et l’obéissance en devoir » ?

« Un temps pour perdre… Un temps pour jeter » l’éponge

Ou ces propos de l’Ecclésiaste, fils du roi David : « Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux : un temps pour naître, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté ; un temps pour tuer, et un temps pour guérir ; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir ; un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser ; un temps pour lancer des pierres, et un temps pour ramasser des pierres; un temps pour embrasser, et un temps pour s’éloigner des embrassements ; un temps pour chercher, et un temps pour perdre; un temps pour garder, et un temps pour jeter » ?

Celui qui est puissant aujourd’hui doit savoir qu’aucune condition n’est éternelle.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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