Au Gabon, le futur code électoral, qui servira de base pour organiser les prochaines élections, suscite de vives discussions. Ce projet de loi, défendu par le ministre de l’Intérieur Hermann Immongault devant les députés de la commission des lois, est essentiel pour préparer le référendum constitutionnel prévu avant fin décembre.
L’adoption de cette loi est donc déterminante pour une transition ordonnée vers un nouvel ordre constitutionnel après le coup d’État du 30 août 2023 qui a renversé Ali Bongo.
Une Assemblée Nationale divisée
Les députés gabonais sont partagés sur l’adoption de cette loi. Certains, comme Germain Biahodjow, soutiennent le texte en affirmant que l’Assemblée nationale ne doit pas être un obstacle au retour à l’ordre constitutionnel. Ils estiment que cette loi est nécessaire pour permettre au gouvernement de travailler efficacement et rapidement vers cet objectif.
Cependant, d’autres députés expriment de sérieuses réserves. Ils plaident pour que le texte soit débattu après le référendum constitutionnel, initialement prévu par la transition. Ils s’inquiètent également des pouvoirs accrus que cette loi accorderait au ministère de l’Intérieur dans l’organisation des futures élections. Selon Jean Valentin Leyama, la gestion entière du processus électoral par le ministère de l’Intérieur, incluant la désignation des présidents des commissions et le convoyage des résultats, pourrait compromettre la transparence et l’équité des élections.
Des inquiétudes sur la transparence électorale
Les opposants à la loi soulignent que les candidats aux élections ne seraient pas représentés dans les bureaux de vote et n’auraient pas droit à des copies de procès-verbaux. Ces dispositions suscitent des préoccupations quant à la transparence et à la crédibilité du processus électoral. L’idée que le ministère de l’Intérieur puisse centraliser autant de pouvoirs dans l’organisation des élections alimente les craintes de manipulations électorales et de manque d’impartialité.
Vers une solution de compromis ?
Face à ces divisions, le président de l’Assemblée nationale a décidé de créer une sous-commission chargée d’examiner le texte en profondeur. Cette sous-commission a une dizaine de jours pour rendre ses conclusions. Il espère ainsi trouver un compromis acceptable pour tous les partis. L’enjeu est de taille, car il s’agit de garantir des élections libres et transparentes, fondamentales pour la stabilité politique et la démocratie au Gabon.