L’Etat menace de couper les salaires des grévistes décidés d’aller jusqu’au bout de leur mouvement. C’est aujourd’hui que les fonctionnaires gabonais touchent leurs salaires. Les syndiqués sauront alors si l’Etat a mis ses menaces en exécution. Les membres du syndicat national des personnels de santé (SYNAPS) avaient décidé samedi, au cours d’un point de presse, de poursuivre leur mouvement de grève lancé le 12 janvier dernier dans l’ensemble du pays. Les syndiqués réclament de meilleures conditions de travail et l’augmentation des primes.
Notre correspondant au Gabon
Ce mercredi risque d’être une journée fatidique. Les personnels de santé gabonais sauront si l’Etat leur versera ou non leurs salaires. Ce dernier avait menacé de leur couper les vivres dès la fin du mois de février s’ils maintenaient leur mouvement. Mais ces intimidations n’ont pas entamé la détermination des grévistes.
Serges Mickala Moundanga, le secrétaire général du SYNAPS, parlant samedi au nom de ses camarades, a dit ne pas craindre les menaces de suspension de salaires proférées par le gouvernement. « Cette suspension de salaire constituera le prix à payer (…) pour l’obtention de nos revendications », a-t-il affirmé.
Evoquant la question de la reprise du service minimum dans certains centres hospitaliers, les membres du SYNAPS ont affirmé attendre d’abord un signal fort de la part du gouvernement. Serges Mickala Moundanga a souhaité également que l’Etat travaille sur la base du programme établi par le SYNAPS, en collaboration avec les responsables hiérarchiques des structures sanitaires et hospitalières, afin de dénouer rapidement cette crise qui paralyse le système de santé gabonais.
Les grévistes refusent d’assurer le service minimum
Par ailleurs, les syndicalistes ont émis le vœu de voir disparaître les éléments des forces de sécurité dans l’enceinte des établissements de santé. « En temps normal, ils n’assurent pas la sécurité des structures hospitalières et sanitaires, encore moins, celle des salariés de tout bord », ont-ils lancé. Le secrétaire général du SYNPAS s’est réjoui tout de même des engagements pris par le nouveau ministre de tutelle, Idriss Ngari, afin de répondre favorablement aux doléances des grévistes.
La semaine dernière, le premier ministre gabonais, Jean Eyéghé Ndong avait demandé aux syndicalistes de reprendre le service minimum dans les centres de santé du pays. Il les a accusés d’être responsables de la mort des « compatriotes malades ». « Le service minimum est une exigence éthique et morale », avait-il rappelé aux médecins et infirmier de l’Etat.
Réuni en conseil des ministres le 23 février dernier, à Libreville, le gouvernement a tenté de faire un pas en leur direction. Il a adopté une mesure pour répondre à l’un des points inscrits à leur cahier des charges, au sujet de la réforme de l’Ecole nationale d’action sanitaire et sociale (ENASS). Le projet d’ordonnance adopté par les ministres marque la transformation de l’ENASS en Institut national de formation d’action sanitaire et sociale (INFASS). Il clarifie les plans de carrières des personnels de la santé affectés à la fonction publique et ouvre des passerelles avec les autres établissements supérieurs de formation du secteur. Une avancée jugée insuffisante par les grévistes.