Gabon : la descente aux enfers pour Brice Laccruche Alihanga ?


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Brice Laccruche Alihanga
Brice Laccruche Alihanga

Un remaniement ministériel intervenu au Gabon dans la journée d’hier a emporté Brice Laccruche Alihanga et d’autres ministres proches de lui. Aucune surprise à cela, vu l’allure que prenaient les événements depuis quelques semaines. La question est maintenant de savoir ce qu’il adviendra de lui.

La nouvelle est officialisée depuis hier soir grâce à une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et dans laquelle le Premier ministre du Gabon, Julien Nkoghe Bekale, présentait la nouvelle équipe gouvernementale. Plusieurs ministres ont été débarqués : Brice Laccruche Alihanga aura passé moins d’un mois à la tête de son ministère chargé du Suivi de la Stratégie des Investissements Humains et des Objectifs du Développement Durable ; Tony Ondo Mba a perdu le contrôle du ministère de l’Energie ; le très convoité ministère du Pétrole a échappé à Noël Mboumba, tout comme celui du Budget et des Comptes publics a vu le départ de Jean-Fidèle Otandault.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le départ de l’ex-directeur de Cabinet a consacré le retour aux affaires de certains anciens ministres qui avaient été remercié au moment où Brice Laccruche Alihanga faisait la pluie et le beau temps à la Présidence. Il s’agit par exemple de Lambert Nöel Matha rappelé au ministère d’Etat chargé de l’Intérieur ; de Pascal Houangni Ambouroué, revenu non pas au ministère du Pétrole, mais s’est vu confier le portefeuille du ministère de l’Energie. Tout porte à croire que le calvaire de l’ex-tout-puissant directeur de Cabinet de la Présidence gabonaise ne fait que commencer.

Début novembre, le déclenchement d’une opération anti-corruption dénommée “Scorpion’’ lui fit d’abord perdre son fauteuil de directeur de Cabinet, le reléguant au rang de simple ministre. Dans la foulée, d’éminentes personnalités positionnées à des postes stratégiques de l’appareil d’Etat par ses soins sont déchues et arrêtées. Une bonne dizaine parmi la vingtaine de personnes arrêtées s’est retrouvée derrière les barreaux à partir de jeudi dernier. Parmi elles, l’ex-porte-parole de la présidence de la République, Ike Ngouoni Aila Oyouomi, considéré comme un proche parmi les proches de Brice Laccruche Alihanga. La vague d’arrestations n’avait pas épargné le maire d’Akanda qui n’était autre que Grégory Laccruche Alihanga, propre frère de Brice Laccruche.

Jusque-là, Brice Laccruche Alihanga était en poste à son ministère. Sans ignorer cependant qu’il pouvait être démis de ses fonctions à tout moment, surtout que son nom a été plusieurs fois cité lors des différentes auditions des personnalités interpellées, et que Jessye Ella Ekogha, nouveau porte-parole de la Présidence avait prévenu : « Quelle que soit votre place, s’il y a des soupçons, il n’y a pas d’impunité. Maintenant c’est à la justice de faire son travail, de trancher ».

C’est ce qui arriva depuis hier. Tout semble fini pour celui qui, il y avait tout juste un mois, était encore l’homme le plus puissant du Gabon, après le président de la République. En tout cas, le feuilleton est loin d’avoir livré son dernier épisode.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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