Voilà près de dix ans que l’université Omar Bongo (UOB) de Libreville n’a pas connu une année académique tranquille. Des étudiants dans la rue qui réclament le paiement de leur bourse ou de meilleures conditions d’études et des policiers armés de matraques et de gaz lacrymogène. Voilà des scènes qui vont et viennent chaque année au sein de la première université du Gabon, créée dans les années 70 par feu le Président Omar Bongo Ondimba.
(De notre correspondant)
Les problèmes ne finissent jamais au sein de l’université Omar Bongo. Aucun ministre de l’Enseignement supérieur n’a encore réussi à trouver la formule alchimique capable de rétablir la paix et la sérénité dans cet établissement en contestation permanente depuis bientôt dix ans. Résultat : chaque année, l’UOB est le théâtre des scènes de violence et d’échauffourées entre étudiants et les éléments des forces de sécurité.
Des tumultes récurrents
Depuis déjà quatre ans, les étudiants dénoncent chaque année la mauvaise application du système LMD, les notes de complaisance, les cours bâclés, et même parfois le retard dans le paiement des bourses d’études, lesquelles ont connu néanmoins une légère hausse depuis la rentrée académique 2011-2012.
Ces différentes revendications, ajoutées à celles liées à la libération de la formation et au droit à se présenter à tous les concours proposés par l’Etat, notamment celui d’entrée à l’Ecole normale supérieure (ENS), ont poussé les étudiants, il y a plus d’un mois, à vandaliser l’établissement et même les rues, afin d’attirer l’attention des autorités compétentes sur leur situation.
La réponse des forces de l’ordre a été disproportionnée. Les manifestations étudiantes ont été étouffées à coups de matraques et de gaz lacrymogènes. Certains d’entre eux ont été jetés en prison pendant plusieurs jours. L’incident a provoqué un tollé dans les milieux politiques et les étudiants ont été libérés sur conditions.
Une gestion de crise critiquable
Depuis ces incidents, l’université Omar Bongo est assiégée par les éléments des forces de sécurité, ce qui a provoqué mardi la colère des étudiants qui réclament leur départ du campus. Une assemblée générale des étudiants programmée ce mardi n’a pas pu se tenir, les policiers ayant usé de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestations, ils ont poussé les manifestants dans les rues de la capitale gabonaise, brûlant au passage des bacs à ordures et des pneus, après avoir érigé des barricades dans certains carrefours de Libreville.
La tension reste palpable au sein de l’établissement. « Le président de la République doit s’impliquer personnellement pour résoudre la crise qui secoue l’UOB en ce moment. Le ministre et les responsables de l’établissement ont montré leurs limites. Les cours débutent chaque année en janvier au Gabon à cause des mouvements d’humeur récurrents et les étudiants gabonais qui sollicitent des inscriptions dans des universités étrangères éprouvent trop de difficultés du fait de ce retard », s’est exprimé le jeune Hervé, vingt-trois ans, étudiant dans cet établissement.
D’autres étudiants rencontrés au sein du campus ont dit craindre que l’année académique actuelle ne soit pas validée à cause du retard déjà pris dans le démarrage des cours.