Comme aux précédentes consultations électorales, le Gabon va exporter des électeurs au cours des locales de novembre 2013, au regard du transport massif des citoyens vers les capitales provinciales, en ce moment, en vue de leur enrôlement sur les nouvelles listes électorales. La technique biométrique mise en place par une société française n’empêchera pas au parti au pouvoir de frauder, selon l’opposition.
(De notre correspondant à Libreville)
« Depuis quelques semaines, on note l’arrivée massive des Gabonais dans les capitales provinciales, en vue de leur enrôlement biométrique », dénoncent ces derniers temps certains médias proches de l’opposition, qui affirment également que certains se font payer cher pour aller se faire enrôler dans des localités lointaines, juste pour apporter, le jour-j, leur voix au candidat payeur. Ce qui n’a pas manqué d’attirer l’attention des responsables de l’Union des forces pour l’alternance (UFA, regroupement des partis de l’opposition) au cours de leur visite dans les centres d’enrôlement biométrique.
« Des navettes de bus remplis d’individus et affrétés par des membres du PDG font d’incessantes rotations entre l’intérieur du pays et Libreville pour y déposer des grappes de citoyens venant s’enrôler dans des localités avec lesquelles ils n’ont souvent aucun lien, conformément aux dispositions de l’article 48 du code électoral », ont dénoncé les responsables de l’UFA, dans une récente déclaration. Il est à craindre, selon l’opposition que ces citoyens puissent avoir la possibilité de s’inscrire dans plusieurs localités et centres d’enrôlement, afin de réaliser des votes multiples le jour du scrutin. La technique biométrique mise en place par la société française Gemalto est faillible selon l’opposition. On n’est pas loin des conflits post-électoraux après le scrutin de novembre.
L’opposition gabonaise estime d’ailleurs qu’il y a eu des arrangements entre cette société et le tenants du pouvoir, afin de « pérenniser la fraude électorale ». « Nous avons écrit à Gemalto, pour attirer son attention sur les errements du processus de l’introduction de la biométrie dans le système électoral. Elle n’a pas eu la courtoisie de répondre à notre courrier pourtant bien à propos. Nous tenons à rappeler à Gemalto que c’est avec l’argent du contribuable gabonais, dont nous représentons l’expression, qu’elle a été plutôt bien payée de ses services pour la mise en œuvre du programme Iboga. Pour 40 milliards FCFA, nous attendons de cette société qu’elle se conforme au vœu du peuple gabonais, réclamant d’avoir des élections transparentes. Par conséquent, nous lui demandons d’agir en toute responsabilité en tant que maître d’ouvrage et propriétaire du système, pour la mise en place honnête et crédible de la biométrie dans le processus électoral au Gabon », ont déclaré les leaders de l’opposition, au cours d’un point de presse il y a quelques jours.
Ils avancent que la responsabilité de l’Etat français sera mise en cause en cas tricherie au cours des élections de novembre prochain, puisque la France possède une part d’actions importante dans le capital de Gemalto.