Gabon : l’AJEV, une campagne très active sur le terrain


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L’égalité des chances sera au cœur des débats lors de l’élection présidentielle au Gabon le 28 août prochain. Le Président Ali Bongo, lui-même, en a fait l’une de ses priorités. Mais sur le terrain, la société civile s’active déjà. Plusieurs associations se mobilisent pour faire vivre au quotidien cette valeur fondamentale. Parmi elles, l’Association des Jeunes Emergents Volontaires est l’une des plus actives.

Ce samedi 28 mai 2016, à Akanda l’une des nombreuses communes de Libreville, l’esplanade faisant face à Gabon Télécom ne désemplissait pas. A son tour d’accueillir les « Wé de l’AJEV », l’événement hebdomadaire de l’Association des Jeunes Emergents Volontaires (AJEV), fondée par le très dynamique Brice Laccruche Alihanga, qui dirige par ailleurs a à peine 37 ans la Compagnie Nationale de Navigation Intérieure et Internationale (CNNII). En ce jour de fête des mères, l’association distribue aux mamans, présentes et de passage, des roses et des cadeaux. Cette journée est également rythmée par des rencontres amicales de football et de basket-ball, une façon de promouvoir les valeurs du collectif, chères à l’association : solidarité et sens de l’effort.

Clou de cette édition des « Wé de l’AJEV », un débat entre les responsables de l’association et la jeunesse, venue nombreuse pour l’occasion. Les débats ont, ce jour-là, porté pour l’essentiel sur l’égalité des chances, un thème qui sera mis en avant lors de la campagne pour l’élection présidentielle au Gabon. Cet échange est aussi l’occasion pour les jeunes gabonais de faire valoir leurs propres initiatives. « Nous sommes fiers de pouvoir accompagner cette jeunesse dans la réalisation de ses projets. Elle a, comme nous, la volonté de contribuer au développement du pays », déclare Arsène Nkoghé, un des membres du directoire de l’AJEV.

« L’AJEV, c’est de là à là »

Rebelote le weekend suivant, le samedi 4 juin 2016, à l’occasion de la « journée citoyenne » décrétée par le Président Ali Bongo Ondimba. L’AJEV se rend cette fois-ci dans les quartiers de Malibe I et II dans le 2ème arrondissement de la commune d’Akanda. Brice Laccruche Alihanga et Ismaël Ondias Souna, le vice-président de l’association, accompagnés pour l’occasion de plus de 300 volontaires, retroussent leurs manches pour nettoyer et couper l’herbe aux abords de la voie principale menant à ces deux quartiers. Une niveleuse, louée pour l’occasion par l’association, permet d’aplanir les voies, pour le plus grand soulagement des habitants de Malibe I et II qui attendaient avec impatience une telle réhabilitation. « C’est du concret », s’exclame Arsène, un riverain, admiratif. Aude, une jeune membre de l’association, confirme : « l’objectif de l’AJEV, c’est d’avoir une efficacité directe et immédiate sur le quotidien des populations, celui des jeunes en particulier », avant de rappeler fièrement le slogan de l’association dans un éclat de rire : « de là à là ! »

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Etre concret et efficace fait partie des objectifs de l’AJEV. Mais il s’agit également pour l’association d’être « utile et solidaire ». C’est d’ailleurs avec cette ambition qu’elle se rend ce samedi 11 juin dans le quartier populaire de la Sorbonne, dans le 3ème arrondissement de Libreville. L’objectif de la journée, construire cinq passerelles pour désenclaver les zones impraticables de ce grand quartier qui s’étend de la Gare routière à la Peyrie jusqu’à la Sorbonne. Ces passerelles financées par l’AJEV, mais construites par les jeunes habitants et artisans de ces quartiers eux-mêmes, se veulent le symbole de la « méthode ajevienne » qui consiste à « responsabiliser, autonomiser et dynamiser les personnes dans leur environnement. » « Là, on n’est pas dans la théorie, mais dans les travaux pratiques », s’exclame, enthousiaste, Arsène, un habitant du quartier. Voilà pour l’utilité. Quant à la solidarité, elle prend la forme ce jour-là d’un don de l’AJEV qui remet, après tirage au sort, 50 kits de première nécessité composés de matelas, moustiquaires imprégnées et produits alimentaires de base à 50 familles vivant dans cette zone. « Il s’agit pour nous de soulager un peu le quotidien difficile de des populations qui vivent dans le besoin et dans une précarité importante », explique Arsène NKoghe, le coordinateur de l’association.

Des rapports forts avec les populations

Tisser des liens forts avec les populations auxquelles elle rend visite est l’une des marques de fabrique de l’AJEV. Ce samedi 11 juin, par exemple, ses responsables vont à la rencontre des notables du quartier. A cette occasion, les anciens prononcent de nombreuses bénédictions pour les membres de l’association et procèdent à la remise symbolique à ses dirigeants d’une torche indigène et d’un chasse-mouches, les attributs traditionnels d’autorité. Cette journée, qualifiée de « succès populaire » par ses organisateurs, réunira plus de 1.500 personnes au total.

Quelques jours plus tard, le 16 juin, l’AJEV sort de sa « zone de confort », Libreville, pour se rendre à Port-Gentil. Les membres de l’association visitent ce jour-là le chantier, qui tire sur sa fin, d’un pont reliant deux quartiers populaires de la capitale économique du Gabon. L’ouvrage flambant neuf, de 300 m de long, qui enjambe une zone marécageuse, a été réalisé par l’association Dynamique Nouvelle, qui est membre de la plateforme AJEV. Il soulage d’ores et déjà le quotidien des habitants des quartiers Côte d’Azur et Fort de l’eau qui l’empruntent régulièrement. La prochaine étape devrait être l’amélioration du système d’adduction d’eau potable. En l’espèce, l’ambition reste toujours la même : changer, « ici et maintenant », le quotidien de populations défavorisées en répondant à leurs besoins de base.

Des bourses au mérite pour les meilleurs élèves

Parallèlement à ces rendez-vous hebdomadaires, riches en événements, l’AJEV met en œuvre un certain nombre de programmes destinés à promouvoir les valeurs d’égalité des chances, d’effort ou encore d’autonomie. L’un des plus emblématiques est sans conteste les « bourses ajeviennes », attribuées sur la base de critères méritocratiques et sociaux à des élèves dans le but de promouvoir l’égalité des chances. La « bourse ajevienne de l’excellence », d’une valeur de 2.000.000 Fcfa sera attribuée aux trois meilleurs bacheliers de l’année académique 2015-2016. La « bourse de l’égalité des chances », quant à elle, est composée d’un trousseau annuel de 300.000 Fcfa et d’une allocation d’autonomie mensuelle de 75.000 Fcfa. Elle sera décernée à 50 bacheliers inscrits dans une école supérieure au Gabon lors de l’année académique 2016-2017. « Cela me motive encore deux fois plus pour redoubler d’effort dans mes études », lâche, déterminé, Martial, qui passe son Bac cette année.

L’AJEV déroule ainsi au pas de charge son programme avec en ligne de mire l’élection présidentielle, pour laquelle elle entend être non pas spectateur mais acteur. C’est heureux. Car si le Président Ali Bongo fera de l’égalité des chances le thème phare de sa campagne électorale, le relais des associations pour la mettre en œuvre et la faire vivre au quotidien sur le terrain sera indispensable.

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