Gabon : fraude massive au baccalauréat 2008


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Au cours d’un point de presse donné samedi à Libreville, le ministre de l’Education nationale Michel Menga, constatant avec regret les nombreux cas de fraude enregistrés lors du déroulement de l’examen du baccalauréat, a décidé de la reprise des épreuves de philosophie et de français dans les centres d’examen de Libreville et d’Oyem (Nord). Les candidats au baccalauréat du centre du Lycée d’Application Nelson Mandela de Libreville, ont marché pacifiquement lundi, dans les rues de la capitale, pour protester contre l’annulation des épreuves.

Notre correspondant à Libreville

Plus d’une cinquantaine de candidats ont été arrêtés la main dans le sac en flagrant délit de fraude. Ils possédaient les épreuves de philo et de français. Les enseignants de ces disciplines ont devancé le patron de l’éducation nationale, Michel Menga, en annonçant dès vendredi dernier l’annulation des épreuves suite à une fraude massive constatée. Aussi, ont-ils exprimé leur indignation devant l’ampleur que ce phénomène est en train de prendre dans notre pays.

Les syndicats de l’Education nationale, de leur part, dans le souci de crédibiliser le système éducatif gabonais, ont demandé samedi au cours d’une conférence de presse, l’annulation pure et simple de toutes les épreuves et la reprise de l’examen dans l’ensemble du territoire national. Par ailleurs, les syndicats ont dénoncé « le clientélisme et le copinage chroniques » qui caractérisent selon eux, certains responsables chargés de l’organisation du baccalauréat et, « le non renouvellement du personnel de l’office du BAC en poste depuis plus de 15 ans ».

Devant cette recrudescence des cas de fraude qui risquent de discréditer la valeur des diplômes dans le pays d’Omar Bongo Ondimba, le gouvernement a pris l’engagement « de poursuivre les enquêtes afin de démasquer les auteurs des actes de fraude aux examens, et de les punir conformément à la loi ».

La lutte contre le « carreau » est ouverte

Lundi, des candidats au baccalauréat du centre du Lycée d’Application Nelson Mandela de Libreville ont marché de leur établissement jusqu’ à la primature, en vue de protester contre la décision de l’annulation des épreuves de Français et Philosophie. Cependant, la plupart des candidats que nous avons rencontrés la semaine dernière ont salué la décision du gouvernement d’annuler ces épreuves. « C’est une décision très juste. Il semble que les sujets circulaient depuis plusieurs semaines. C’est trop banaliser le BAC, et à quoi sert le mérite ? De toutes les façons, ce n’est pas de notre faute. La responsabilité incombe aux organisateurs de l’examen », a dit une candidate qui a requis l’anonymat.

Pour Patrice Fang Ekore, proviseur du collège Bessieux, la fuite des épreuves aux examens ternit l’image de notre système éducatif. Il faut, selon le proviseur, encourager les élèves à travailler et à cultiver leur personnalité à travers l’école. Malheureusement, a lancé ironiquement une candidate, « au Gabon, personne ne veut plus apprendre à pêcher, mais chacun veut avoir du poisson ».

Le système éducatif gabonais semble être réellement malade de ses hommes au regard de l’ampleur que prend le phénomène de la fuite des épreuves (communément appelé carreau par les candidats) aux examens et grands concours organisés par les pouvoirs publics. Michel Menga, parviendra-t-il à faire disparaître « le carreau » ? En tout cas, c’est le nouveau défi que lui lancent les adeptes de la facilité.

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