Le gouvernement gabonais vient, à la veille de la rentrée scolaire 2008-2009, de décider de la fermeture de près de 103 établissements scolaires privés. Cette mesure vise selon les autorités du pays à assainir le secteur de l’éducation et à promouvoir une école de qualité.
Notre correspondant au Gabon
Les établissements scolaires frappés par cette mesure souffrent de plusieurs maux dont l’inadaptation des structures, le non respect des programmes scolaires et l’utilisation d’un personnel sous-qualifié et inexpérimenté. Depuis quelques années, à Libreville notamment, où vit plus de la moitié de la population du Gabon, plusieurs maisons d’habitation ont été transformées en complexes scolaires et lycées privés. Le phénomène semble prendre de l’ampleur dans le pays d’autant plus qu’il existe une insuffisance chronique de structures scolaires d’Etat et que l’activité génère beaucoup d’argent.
Il n’est pas rare de trouver certains de ces établissements fantômes entre deux bars ou placés en plein cœur d’un marché. Les questions d’éthique et de déontologie ne préoccupent guère les promoteurs de ces institutions souvent fugitives. Le plus important étant pour eux, la rentabilité et le prestige social acquis sur le dos des pauvres parents d’élèves qui, chaque année déboursent d’énormes sommes d’argent, presque pour rien. Car au fond, les enseignements dispensés dans ces institutions fantômes et ces écoles gérées par des affairistes sont approximatifs, et à la limite ne correspondent même pas aux programmes officiels.
Des écoles qui pénalisent leurs élèves
Cela pour plusieurs raisons nous explique Roger Becka, enseignant de lycée : « Les fondateurs de ces établissements rechignent d’utiliser les enseignants formés et expérimentés qui exigent des contrats de travail équitables, et par conséquent emploient les étudiants et des gens sans qualification qui acceptent toutes les propositions ». Mais le résultat de imbroglio est catastrophique car, ajoute-t-il « les élèves sortis de ces établissements n’ont pas de niveau, et quand ils vont dans les lycées où les enseignements sont donnés dans le respect des règles de l’art, ils se perdent ». Par le principe de vase communiquant, cette situation entraine le pourrissement général du système éducatif gabonais, lequel souffre déjà de ses hommes, de la fraude et de la corruption.
A en croire certains analystes, la fermeture de ces établissements constitue une étape importante dans la lutte contre l’échec scolaire et la recherche de l’excellence. Mais le tout n’est pas de fermer ces écoles et lycées privés qui participent, il faut le reconnaitre, pour beaucoup à aggraver le taux de pourcentage d’échec aux différents examens. Plus de 10 000 élèves qui fréquentent chaque année ces établissements risquent d’être sans école. « Il faut des mesures d’accompagnements », a lancé un parent d’élèves, expliquant que le ministère de l’Education Nationale ne doit pas abandonner ces milliers d’apprenants et qu’il devrait, en toute logique assurer leurs transferts dans les structures scolaires d’Etat.
Rappelons que le gouvernement gabonais a lancé il ya quelques semaines un vaste chantier de construction de plusieurs établissements scolaires à Libreville et à l’intérieur du pays en vue de juguler le phénomène des effectifs pléthoriques. Plus de 300 nouvelles salles de classes devront être disponibles avant la rentrée scolaire du 6 octobre prochain. Espérons que tous les élèves, anciens pensionnaires des établissements privés appelés à fermer les portes, pourront y trouver de la place.