Des biens immobiliers appartenant à la famille du Président gabonais Ali Bongo ont été saisis par les juges d’instruction enquêtant sur les conditions d’acquisition de riches patrimoines en France par plusieurs chefs d’Etat africains.
Des sources concordantes ont révélé, ce vendredi 22 avril 2016, qu’une villa à Nice (Alpes-Maritimes) et un hôtel particulier dans le XVIe arrondissement de Paris. Ces biens immobiliers appartenant à la famille du Président gabonais Ali Bongo ont récemment été saisis par les juges d’instruction enquêtant sur les conditions d’acquisition de riches patrimoines en France par plusieurs chefs d’Etat africains.
Cette enquête dite des « biens mal acquis » a pour origine les plaintes déposées à partir de 2007 par plusieurs associations anti-corruption, comme Sherpa ou Transparency International, qui dénonçaient des détournements de fonds publics ayant permis à certains chefs d’Etats africains ou à leurs entourages de se constituer d’importants patrimoines en France.
Des sources judiciaire et proches du dossier ont précisé que les juges ont saisi une société civile immobilière, la SCI Emeraude, propriétaire des deux biens. Le père, la mère et la sœur de l’actuel Président gabonais Ali Bongo possédaient des parts dans la société immobilière propriétaire d’un hôtel particulier à Paris et d’une villa à Nice.
Les saisies venant d’être révélées sont les premières concernant le Gabon, selon le président de Sherpa, Me William Bourdon. «Enfin le chapitre Bongo s’ouvre. Il ne fait que commencer. Le triptyque va s’achever», s’est félicité Me Bourdon, qui est également l’avocat de Transparency International France.
Selon des éléments de l’enquête, la SCI Emeraude avait été créée en 1997. Omar Bongo, décédé en 2009, son épouse Edith, également décédée, et une fille d’Omar Bongo, Pascaline, en ont détenu des parts. Cette SCI avait acquis l’hôtel particulier de la rue Dosnes pour 23 millions de francs (3,5 millions d’euros) et la villa Saint-Ange à Nice en 1999 pour 11,5 millions de francs (1,75 million d’euros environ), selon ces éléments de l’enquête.
Les juges d’instruction, aidés par les enquêteurs de l’Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), ont listé de nombreux autres biens appartenant à la famille Bongo. Selon un document sur les «biens mal acquis» publié en 2009 par Transparency International France, la famille Bongo et ses proches possédaient à l’époque en France « 33 propriétés, la plupart dans les quartiers les plus chics de Paris, les autres sur la Côte d’Azur ».