L’union du peuple gabonais (UPG, opposition) de l’opposant historique Pierre Mamboundou, vient de prendre un mauvais coup, avec la démission depuis vendredi dernier du secrétaire général de ce parti, Richard Moulomba, l’un des fidèles compagnons du leader charismatique, M. Mamboundou qui dirige cette formation politique d’une main de fer depuis 21 ans.
M. Moulomba donne les raisons de sa démission et fait des révélations dans une lettre circonstancielle que nous publions ci-dessous in extenso. Sa démission fera forcément souffrir le parti, à quelques mois du renouvellement de la chambre basse du Parlement gabonais.
« Monsieur le Président, En venant à vos côtés il ya 21 ans, à l’heure où vous étiez un ‘’pestiféré’’, je venais non seulement vous encourager dans votre œuvre, mais aussi m’y épanouir et, comme dans toute association, y fonder là une nouvelle famille. Ce qui fut le cas jusqu’à l’orée de 2005.
Vous fûtes pour moi un aîné, un père! Et je me suis mis au travail, pour vous et pour votre parti, cœur, corps et moyens ; sans calculs, ni arrière-pensées.
Mais, depuis ces 5 dernières années, je constate avec stupeur et amertume que :
– Vous n’avez voulu rien faire, lorsque, en août 2008, après la découverte des plans machiavéliques visant y compris mon élimination physique par certaines personnes dont vos propres parents, je vous vis pour vous demander de faire arrêter ces manigances. De fait, votre refus catégorique d’intervenir pour faire arrêter tout cela, montrait clairement que vous étiez vous-même instigateur de cela ; –
Vous avez, non seulement érigé la suspicion, le mensonge, la fourberie et la tromperie comme mode de gestion politique (ce qui est déjà difficile à comprendre pour un moralisateur), mais surtout, vous avez vous-même pris le volant des intrigues, manigances, médisances et manipulations contre ma personne ;
Vous avez une nouvelle attitude baignée d’irrespect, d’arrogance, d’insolence et de suffisance à l’égard de nous, vos collaborateurs. Attitude qui caractérise généralement les gens qui ont atteint leurs objectifs et qui trouvent désormais encombrant les compagnons de lutte qui, pourtant, ont traversé le désert avec eux, en y courant les mêmes dangers, sinon plus ;
Vous avez décidé depuis, par jeu de manigances, de me mettre progressivement à l’écart et en arrière plan au sein du parti, malgré le poste que je continuais d’occuper. Ceci parce que je devenais encombrant. D’ailleurs, comme vous le savez, depuis 16 mois vous ne m’avez pas adressé la parole, je ne sais trop pourquoi (excepté en janvier dernier, quand vous avez hypocritement demandé à me voir (mais ça, c’était plus pour soigner vos apparences auprès des membres du Conseil, comme à votre habitude !) ;
– Vous me médisez, me vilipendez, m’accusez de tous les maux et malheurs chez vous et dans le parti, et même (pure fiction !) d’être et de négocier avec le pouvoir. Et toutes ces accusations me sont faites dans mon dos, voulant ainsi me faire passer auprès des militants pour un bandit, un voyou, le diable en personne. Mais, comme vous le savez, tout ceci visait, outre mon affaiblissement, à justifier vos mauvais coups contre moi ;
Vous vous êtes ingénié à rendre ma vie (sociale, politique et morale) difficile, peut-être pour que je dépende plus de vous. Notamment, depuis ce fameux ‘’… Moulomba ne sera pas député. Il a des dents trop longues. Il faut les lui couper…’’, qui marque de fait une étape de vos manigances contre ma personne, jusqu’à celles opérées sur le dossier de l’hôtel de ville dernièrement, celles de la vice présidence de la CENAP, ou celle de l’Assemblée Nationale, dont la révélation du cynisme fut de vous voir préférer d’y geler les postes de l’UPG jusqu’à ce jour, plutôt que de voir quelqu’un d’autres les occuper, alors même que l’UPG est un parti qui, en dehors de son président, a besoin des moyens.
Vous ne m’avez jamais protégé. Mieux, vous m’avez livré, et ceci à tous les niveaux et à tous. Et, si je suis encore vivant aujourd’hui, c’est par la seule grâce de DIEU JEHOVAH ;
Vous avez brisé notre confiance mutuelle, entre vous et moi, qui était pour moi, une source particulière de motivation dans le travail, et une base fondamentale dans la lutte.
Comme vous l’avez donc souhaité depuis bien longtemps à travers ces divers actes, souvent posés par personnes interposées dressées pour les besoins de la cause, dont certains clamaient fièrement : ‘’…. le SG, qu’il le veuille ou non, tombera… ’’ ; Je viens par la présente vous déposer ma démission de votre parti, l’U.P.G, votre ‘’affaire’’.
Maintenant, vous devriez sabrer le champagne : vous-même, vos parents et vos ouailles. Moulomba est enfin parti ! Toutefois, avant de vous quitter, je voudrais faire quelques mises-au-point :
1. Je suis profondément déçu de constater que celui que j’ai adoré et adulé, celui pour qui j’avais souvent abandonné mon travail et ma famille, celui pour qui j’étais prêt à mourir et ceci sans hésitation, est le gourou qui tire toutes les ficelles, le metteur en scène, le maestro de tous les montages contre ma personne. Tout cela, sans que je ne sache trop ce que j’ai bien pu vous faire, pour mériter un tel acharnement de vous-même, de vos parents, et de vos ouailles. Comment comprendre qu’un homme, presqu’un père, plutôt que d’être fier de son jeune collaborateur, en arriver à le jalouser et même à le détruire à petit feu ? Suis-je une menace pour vous ?
2. J’ai servi ‘’votre’’ parti avec loyauté, honnêteté et dévouement. Quoi que vous fassiez croire, je n’ai jamais trempé dans aucun coup tordu contre vous ou le parti, même pas commanditer un article de journal ; je n’ai jamais négocié quoi que ce soit avec qui que ce soit, pour quelque poste que ce soit ; je n’ai jamais été ami ni des 2 présidents Bongo, ni de Mba Obame, ni des autres coaccusés pour une quelconque combine ; je n’ai jamais vu qui que ce soit pour négocier quoi que ce soit chez vous ;…..
3. Je suis et ai toujours été plus que juste envers vous et envers chacun de mes compagnons de lutte, tout au long de ce parcours pour lequel j’ai été pour vous, telle une serpillière, utile uniquement dans la partie la plus difficile du combat, partie qui est d’ailleurs déjà passée. La partie de la récolte appartenant uniquement à vous-même, aux vôtres et à certaines personnes que vous décidez de trier minutieusement. Je n’attends donc rien de vous, comme vous avez su d’ailleurs me le démontrer depuis quelques années déjà ! Même pas la simple reconnaissance, que vous tentez vainement, par inoculation de la délation, d’enlever de la mémoire des militants de l’UPG qui, eux au moins, ne se laissent pas tromper et restent reconnaissants ;
4. Je suis triste de voir que les véritables raisons de cet acharnement, comme vous le savez, et je vous l’ai dit dans ma lettre à vous adressée le 30 août 2008, et répété le 03 septembre 2008 lors de notre échange sur ce sujet dans votre bureau, sont que d’une part, je vous faisais (inconsciemment) ombrage, et d’autre part, je ne suis ni de Ndéndé, ni de Mouila, à l’heure où vous commencez à parler de la succession à la tête de votre parti ;
5. Je choisis librement de quitter un tel environnement savamment préparé par vous à l’hostilité contre ma personne, et préfère donc être pauvre hors du parti, mais en vie et épanoui ; plutôt que riche dans le parti, mais sclérosé, mal portant, voire même mort.
Je sais d’ailleurs à ce sujet, que vous distillez déjà à travers vos porte-voix, comme à votre habitude, que mon départ serait motivé par des négociations imaginaires que j’aurais avec le pouvoir en place. Mais sur ce point, soyons clairs une bonne fois pour toutes : Vous ne pouvez plus aujourd’hui me donner des leçons d’éthique, de morale et de valeurs. Car vous-même savez qui de nous a négocié avec le pouvoir, pour lui-même, et s’est mis à l’abri de tout besoin (matériel et financier) pour plusieurs générations.
Même si, par des subterfuges, on tente de faire diversion en désignant des traîtres qui n’en sont pas… Moi, je n’ai ni maisons, ni argent (viré dans des comptes ou transporté par sacs), ni ‘’petits cadeaux’’, ni même aiguille, reçus du pouvoir ou d’une de ses portions, en compensation de quoi que ce soit, déclarés sous noms propres ou sous des noms d’emprunt, à l’intérieur ou à l’extérieur du Gabon, comme qui vous savez ! De toute évidence, ‘’le Gabon est une maison de verre, tout se voit de l’intérieur comme de l’extérieur’’. Tout se sait de tous ! Sauf si vous voulez jouer à l’autruche ! En tous les cas, la vérité, celle voulue par Dieu, jaillira tel un volcan.
6. Je suis serein et je vous quitte la conscience tranquille. Je garde espoir que Dieu, Jéhovah, le juge universel, rétablira les choses, et fera payer à chacun de nous, le juste prix de sa rétribution. Il reconnait mon travail, ma loyauté et mon investissement personnel dans cette œuvre difficile à l’époque, et saura me récompenser au juste prix, le moment venu. En tout cas, au-delà de tout, j’ai beaucoup appris avec vous et au parti, sur les hommes et sur les choses. Et surtout, cette phase difficile a raffermi ma foi en DIEU.
Maintenant que je vous ai laissé ‘’votre affaire’’ telle que vous le souhaitiez, j’espère que vous allez désormais me laisser tranquille. Je vous souhaite de tout cœur santé et longue vie.
Sincères salutations.
Richard MOULOMBA MOMBO »