Le chef de l’Etat du Gabon, Ali Bongo, a usé de moult subterfuges qui lui ont permis d’en arriver à faire échouer l’expertise médicale dont la demande a été formulée par « Appel à Agir ». Explications.
Au Gabon, la demande d’expertise médicale formulée par le collectif « Appel à Agir », qui regroupe, entre autres, des opposants gabonais, et visant à déterminer si Ali Bongo est apte à poursuivre sa mission présidentielle, semble rangée dans les tiroirs. La République en a décidé ainsi, suite à de nombreux agissements peu orthodoxes.
La juge de la Cour d’Appel relevée de ses fonctions
Quel autre juge osera à l’avenir valider une pareille requête ? Accepter que des médecin aillent « fouiller » Ali Bongo pour savoir si oui ou non il est capable de diriger le Gabon. Paulette Akolly, juge auprès de la Cour d’Appel de Libreville, alors chargée de statuer sur la requête du collectif « Appel à Agir » a été suspendue de ses fonctions. Son tort, d’avoir accepté de faire évaluer la santé du chef de l’Etat gabonais. Le 26 juillet 2019, Paulette Akolly décidait de tenir une audience pour entendre la requête de l’opposition de désigner un médecin pour une expertise médicale sur l’état de santé du Président Ali Bongo Ondimba, alors que la Cour de Cassation lui demandait de se dessaisir. Ce qui lui a valu une sanction « exemplaire » qui sert de mise en garde et qui continue de faire beaucoup de bruit.
La presse bâillonnée par le nouveau gendarme, la HAC
Le jeudi 22 août 2019 au soir, dans une décision lue à l’antenne de la télévision nationale, la suspension du journaliste de RFI a été annoncée par la Haute autorité de la communication (HAC). Que reproche-t-on au journaliste de ce média français ? Un article publié samedi 17 août 2019, évoquant le défilé militaire, dans lequel il disait que « le président de la République ne s’est à aucun moment levé comme autrefois pour saluer les troupes de l’armée ». Pour justifier sa sanction, le gendarme de la presse gabonaise dit condamner le correspondant de RFI qui a rédigé un article « mensonger » mettant « en cause l’intégrité physique » du chef de l’Etat du Gabon.
En posant ces deux actes, le gouvernement gabonais est sûr que la question relative à la santé d’Ali Bongo est rendue taboue. Et gare à celui qui oserait, ne serait-ce, faire allusion à cette santé aux contours douteux. Car, si la justice n’ose plus agir dans le sens d’élucider l’état de santé d’Ali Bongo, et la presse n’ose plus relayer ce qu’elle voit s’agissant d’un dirigeant qui est aujourd’hui incapable de s’adresser aux Gabonaises et aux Gabonais, ce n’est pas demain la veille que la santé de ce chef d’Etat sera passée au laser. Et ironie du sort, la demande d’expertise médicale, qui devait être examinée à une audience du 26 août dernier, est restée sans suite.