Le village Cap Estérias très prisé par les touristes, à quelques
kilomètres de Libreville la capitale gabonaise, regorge d’énormes
richesses naturelles. Mais alors qu’il dispose d’un potentiel
économique très important, les autorités n’ont pas entrepris de
développer la localité qui pourrait pourtant rapporter gros.
A Cap Estérias
Assis autour d’une table en train de jouer au poker, ils ne
quitteraient le village de Cap Estérias pour rien au monde. Entourés
d’une végétation riche et dense, ces cinq pères de famille, dont le
notaire Antoine Ekobo, connaissent la valeur de leur localité. « Les
touristes adorent le village du cap. Ils viennent ici en grand nombre
car c’est une merveille du Gabon. Nous avons la plage, une pêche
artisanale très développée, l’élevage de fruits de mers tels que les
huîtres, les couteaux de mer », clament fièrement le quinquagénaire.
Son discours est appuyé par deux autres hommes assis en face de lui,
qui préviennent qu’ils ne diront aucun mal de leur village, dont ils
sont très fiers.
Il faut dire en effet que le Cap Estérias n’est pas un village comme
un autre au Gabon. Situé à une vingtaine de kilomètres de Libreville,
il regorge d’une végétation dense et d’un parc naturel où il fait bon
vivre. L’air y est pur. Et le calme est de mise, loin de la capitale
qui grouille de monde, asphyxiée par le bruit des moteurs des
voitures. Sur la longue route qui mène à la plage, plusieurs dizaines
de gros véhicules, dont de nombreux 4×4, appartenant aux touristes qui
viennent séjourner au sein de la localité, sont alignés les uns après
les autres.
Sur la plage, au sable très fin, des enfants, jeunes filles et jeunes
garçons s’amusent. Les touristes, souvent venus en famille, profitent
aussi du beau temps. Parmi eux, le Turc Fettah Alpat, directeur
général de la société de construction Dorce Gabon depuis 2012. Selon
lui, le Cap Estérias a beaucoup d’avenir mais les autorités devraient
y injecter des moyens pour développer les infrastructures. « Le
village a beaucoup de potentiel mais il est comme abandonné. Son
potentiel n’est pas suffisamment exploité ». D’après lui, « il faudrait
aussi construire des hôtels pour accueillir les touristes qui se
bousculent aux portes du »petit paradis abandonné ». Il y a des
besoins et une vraie demande », clame-t-il.
« Les enfants doivent faire des kilomètres pour aller à l’école ».
A quelques pas plus loin, on aperçoit deux femmes assises en face de
la plage. L’une d’elle, Beti, vend des boissons fraîches et sa voisine
Marguerite des fruits de mer. Mais les deux Gabonaises se plaignent
des manques cruels de moyens au sein de la localité pour
commercialiser leurs produits. Pour Béti, il faudrait qu’un marché
soit mis sur pied pour pouvoir effectuer des activités commerciales.
« Il n’y a pas d’espace commerciale dans la localité et c’est le
principal problème du Cap Estérias alors que les touristes sont
présents », rouspète-t-elle. Elle déplore également le fait qu’il n’y
a pas de livreur de marchandises ni de grossistes. « Je suis souvent
obligée de me rendre à Libreville pour acheter mes produits. Or le
transport coûte très cher pour s’y rendre ». Selon elle, le village
regorge aussi de noix de palme qui pourraient être commercialisées
mais « malheureusement personne ici n’a les moyens nécessaires pour
exploiter ce filon », déplore la quadragénaire.
Pour sa compatriote, assise à ses côtés, le plus grand problème réside
dans l’absence des moyens de transport pour les enfants, notamment qui
doivent traverser des kilomètres pour se rendre à l’école. « Ici il
n’y a pas beaucoup d’écoles dans les villages, ni de bus. Donc les
enfants doivent se lever très tôt pour se rendre dans leurs
établissements scolaires. Les politiques ne font des efforts que lors
des élections, mais une fois qu’elles sont terminées ils ne font plus
rien et oublient leurs promesses ».
En dépit du manque de moyens et infrastructures, le village attire
aussi beaucoup d’immigrés en situation irrégulière. Il y a un peu
moins de trois mois une pirogue transportant près de 215 immigrés
clandestins a échoué sur les eaux du Cap. Pourtant une tour de
contrôle de la marine marchande a été mise en place pour contrôler les
entrées et venues des personnes et marchandises. Ce flux important
d’immigrés prouve que le village a de l’avenir. Et ses habitants sont
convaincus que la donne pourrait changer d’ici les prochaines années
si les autorités décidaient concrètement de développer la localité.