La société civile gabonaise, représentée par le mouvement « Ça suffit comme ça » a lancé samedi dernier dans le quartier Louis, à Libreville, les inscriptions pour la tenue de la conférence nationale souveraine. Environ 200 personnes et une centaine d’ONG ont été enregistrées au premier jour, selon les organisateurs.
(De notre correspondant)
« Notre objectif, loin des intentions qu’on nous prête, n’est pas de faire un coup d’Etat constitutionnel. A l’évidence, les Gabonais ne se reconnaissent plus dans les autorités qui les gouvernent. Il s’agit d’offrir un cadre pour rendre au peuple sa souveraineté pour qu’il s’exprime et fasse ses choix de vie. C’est au peuple de dire ce qui sera son avenir et avec qui il le fera. Ce peuple n’est ni pédégiste, ni opposition. Il s’agit du Gabon dans son ensemble et sa diversité », a déclaré Marc Ona Essangui, dans son discours du lancement de la campagne d’inscription.
Selon les responsables de la société civile, le Gabon traverse en ce moment une grave crise multidimensionnelle. « Crise politique manifestée par le divorce entre la classe politique et la population, crise sociale marquée par les différents mécontentements que traduisent les multiples menaces de grèves dont les préavis dessinent des montagnes dans les différents administrations publiques et privées, crise économique avec la montée effrayante des prix de produits d’utilité première. Cette poussée de tension pourrait, si on n’y prend garde, aboutir à des situations incontrôlables aux effets dévastateurs pour notre pays », a souligné Marc Ona Essangui.
Les cadres du mouvement « Ça suffit comme ça » estiment qu’il faut des assises nationales, pour résoudre ces différentes crises, avec la participation de la diaspora, de la classe politique et de toutes les forces vives du pays. Comme le pouvoir en place a refusé d’organiser ces assises ou conférence nationale, les leaders de la société civile se disent être dans le devoir de le faire. « La société gabonaise dans toutes ses composantes fonde ses espérances sur cette conférence nationale souveraine. Le monde entier nous regarde. La communauté internationale a les yeux rivés sur nous. Notre responsabilité en ce jour est alors historique. Nous sommes à la croisée des chemins au moment où nous lançons enfin solennellement le processus d’inscription et d’enregistrement en vue de la conférence nationale souveraine », ont lancé les leaders de la société civile.
Ils avancent que l’histoire du Gabon est entrain de basculer définitivement vers un changement véritable. L’année 2013 pour eux est celle de la réalisation de toutes les promesses, en matière de démocratie, de bonne gouvernance, de justice sociale, de droits de l’homme et d’Etat de droit. Mais il faudra remettre les compteurs à zéro élire de nouveaux dirigeants politiques.
« Cette année 2013 se profile comme une année charnière entre le souvenir d’un passé mortifère et l’espérance d’un avenir radieux, entre l’obscurantisme de certains gouvernants et le scintillement d’une lumière qui vient des profondeurs de notre société, entre la bêtise de certains hommes assoiffés de pouvoir et la vertu de ceux qui pensent que les Gabonais méritent mieux, entre la folie des hommes et la raison universelle des peuples, entre l’embrigadement de la conscience citoyenne et la liberté citoyenne, entre la peur d’entreprendre et la liberté d’initiative », ont-ils souligné.
Selon les responsables du mouvement « Ça suffit comme ça », plus de 200 personnes se sont faites inscrire individuellement samedi pour la conférence nationale, aux côtés d’une centaine de cadres associatifs du Gabon et responsables religieux. Le docteur Alphonse Louma de l’ONG Agir pour le Gabon, le pasteur Ernest Tomo, candidat malheureux à la présidentielle de 2009 et des cadres de l’ex Union Nationale ont été aperçus au cours de la cérémonie.
Les inscriptions vont se poursuivre jusqu’au 31 décembre courant, aussi bien à Libreville que dans les capitales provinciales, ont annoncé les membres de la société civile. La date du début de la conférence nationale n’a pas été communiquée. Selon Georges Mpaga, l’un des leaders de la société civile, le gouvernement d’Ali Bongo Ondimba sera convié à ces assises nationales. « Nous allons les organiser avec ou sans le parti au pouvoir et ses alliés », a-t-il déclaré.
La plupart des Gabonais qui se sont faits inscrire pour ce rendez-vous national, ont déclaré vouloir le changement et une meilleure distribution des richesses du pays. Une majorité d’entre eux ont affirmé également être des militants de l’ex union nationale.