Le Président gabonais, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a récemment autorisé la polygamie pour une partie des militaires gabonais, les généraux. Jusque-là, tous les militaires étaient contraints à la monogamie.
Les généraux gabonais peuvent désormais avoir plus d’une épouse. Si le Code civil gabonais de 1972 estimait que la polygamie était « conforme » aux pratiques coutumières matrimoniales du pays, l’article 40 du décret n°1059/PR du 24/11/1976 stipule que « les militaires sont astreints au mariage monogamique et ne peuvent contracter un mariage sans autorisation de l’autorité habilitée ». C’est cette restriction que le conseil des ministres dirigé par le président de la Transition, le 22 janvier 2024, a voulu lever, en proposant un projet d’ordonnance modifiant le Statut particulier des militaires et en donnant aux officiers généraux la possibilité d’avoir plus d’une épouse.
Pourquoi seulement les généraux ?
Pour beaucoup de Gabonais, la levée de cette restriction constitue une avancée remarquable. Néanmoins, certains soulèvent une discrimination au sein des hommes en uniforme. L’ancienne procureure de la République, Sidonie Flore Ouwé, qui préside l’ONG “Salon de la femme”, fait partie de cette catégorie. Elle s’est clairement exprimée sur le sujet : « Que cela soit démocratisé ! Que tous les militaires aient la possibilité d’épouser plusieurs femmes pour ne pas verser dans une forme de discrimination », a-t-elle fait observer.
L’observation de l’ancienne procureure soulève une question : pourquoi cette mesure ne vise-t-elle que les généraux ? La question prend tout son sens lorsqu’on sait que le président de la Transition gabonaise est lui-même un général. Mieux, les Gabonais savent, depuis quelques semaines, que leur dirigeant est bigame. S’il s’affichait surtout aux côtés de celle qui fait office de Première dame, Zita Oligui, l’homme fort du Gabon n’a pas hésité à faire sortir de l’ombre sa deuxième épouse, Avome Oligui, en décembre dernier. Une façon de mettre une fois pour toutes un terme à la polémique qui enflait depuis que le général s’est montré bras dessus bras dessous avec son deuxième… galon, en septembre, tout juste après son accession au pouvoir.