Après plusieurs nuits de violence, les émeutes post-électorales semblent désormais terminées à Port-Gentil, la capitale économique du Gabon. Les anciens candidats opposants au nouveau président gabonais Ali Bongo s’unissent et s’organisent pour dénoncer pacifiquement une élection qu’ils jugent truquée. La proclamation des résultats de l’élection présidentielle le jeudi 3 septembre avait inauguré dans le pays une période de troubles, à Libreville et Port-Gentil. Le gouvernement annonce trois décès, et réfute toute responsabilité de l’armée dans ce bilan.
Restes de barricades sur les grands axes, carcasses de véhicules incendiés, magasins pillés… Les habitants de Port-Gentil reviennent de loin. Ce n’est qu’après trois nuits de violence que les émeutes post-électorales ont fini par se résorber à Port-Gentil, ce dimanche. L’armée devrait ces jours-ci finir par réussir à faire appliquer le couvre-feu en place depuis la proclamation des résultats, le jeudi 3 septembre.
Le ministre de l’Intérieur gabonais Jean-François Ndongou avait menacé de renforcer les mesures coercitives par une procédure d’état de siège. Il a pu aujourd’hui constater le retour de « l’ordre, la paix et l’harmonie » et dresser un bilan des jours d’incertitude. S’il annonce que trois personnes ont trouvé la mort, le ministre Ndongou précise que « personne n’a reçu une balle d’une arme militaire ». L’armée, déclare-t-il, n’a fait qu’utiliser des gaz lacrymogènes. Avec assurance, il se déclare même ouvert à l’idée d’une « enquête internationale » sur le sujet pour prouver sa version des faits. Le gouvernement avait auparavant précisé qu’un décès avait été causé par un tir de riposte des forces de police.
L’opposition unie contre Ali Bongo
Signe de confiance, le pouvoir a décidé de rouvrir les voies d’accès terrestres et aériennes à Port-Gentil. Mais l’opposition ne l’entend pas ainsi et affirme qu’il ne s’agit que d’un « calme apparent ». On peut dans une certaine mesure attribuer la durée des émeutes de Port-Gentil (trois jours, contre une journée à Libreville) à l’influence de l’opposition dans la capitale économique du Gabon. Pierre Mamboundou, opposant historique de l’ancien président Omar Bongo, a par exemple joué sur l’équivoque en appelant à la « résistance » sans rejeter explicitement l’action violente.
L’opposition dénonce plus globalement « un climat de terreur » instauré par les forces de l’ordre pour empêcher la contestation démocratique du « hold-up électoral » d’Ali Bongo. 17 des 23 anciens candidats ont en conséquence décidé de former un « Front de refus du coup de force électoral ». L’ancien Premier ministre et désormais opposant Jean Eyéghé Ndong annonce pour ce lundi la publication des « vrais résultats » de l’élection.
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