Gabon : Ali Bongo réélu Président


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La requête formulée par Jean Ping auprès du Conseil Constitutionnel n’a finalement pas été entendue et Ali Bongo Ondimba, bénéficie même après re-comptage des voix et annulation des résultats anormaux transmis par certains bureaux de vote, d’une victoire plus large que lors des premiers résultats établis. Selon les résultats désormais définitifs, il l’emporte avec 50,66 % des suffrages contre 47,24 % à son beau-frère Jean Ping, soit une différence de 11 700 voix.

Le re-comptage des voix n’aura donc pas profité à celui qui l’avait réclamé et obtenu : des deux beaux-frères rivaux, ce n’est pas Jean Ping, ancien Ministre des affaires étrangères d’Omar Bongo, ancien président de la Commission de l’Union africaine, qui arrive en tête, mais bien Ali Bongo Ondimba, président sortant, et ce malgré le soutien affiché des grandes puissances occidentales, France, Union européenne, Etats-Unis, et de quelques puissances régionales, pour le vieux diplomate, leur ami, réincarné en « homme de l’alternance »…

Ainsi Ali Bongo impose-t-il la continuité de sa présence à la tête de l’Etat. Il le fait en tenant un langage d’ouverture : appelant l’ensemble des autres candidats, malheureux, à engager avec lui un dialogue post-électoral. Une méthode qui réussissait tellement bien à son père, Omar Bongo, passé maître au fil des années dans l’art de se concilier l’opposition en l’appelant à gouverner à ses côtés.

Il faut dire qu’au-delà de la rivalité des personnes, la campagne n’a pas été le cadre d’une remise en cause radicale de la politique suivie au cours du premier mandat. Ouverture économique aux nouvelles puissances du Sud, Brésil, Chine, Turquie, Inde, abandon des réflexes de la Françafrique, tentative de diversification industrielle par intégration des filières de valorisation des matières premières qui étaient jusque là exportées à l’état brut et sans aucune transformation sur place… Autant d’axes de développement qui n’ont pas été ouvertement contestés.

Dès lors, rien n’empêche la constitution d’un gouvernement d’union où figureraient certains des candidats rivaux d’Ali Bongo. Tous? Cela paraît difficile, tant les affrontements fratricides ou simplement familiaux ont été profonds lors de ce scrutin. Difficile d’effacer d’un revers de main tel ou tel ralliement à Jean Ping, lorsqu’il a eu lieu au coeur de la bataille électorale, et parfois au moment le plus indécis de la campagne…

Quelles leçons tirer de l’affrontement? Les premières sont immédiates : la présence massive des militaires français à Libreville n’a pas conduit François Hollande à intervenir par la force pour imposer Jean Ping. Hollande n’est pas Sarkozy. Libreville n’est pas Abidjan. Le vainqueur de l’élection présidentielle ne sera pas installé de force par l’armée française, le « palais du bord de mer » ne sera pas bombardé. C’est un progrès. L’indépendance c’est aussi le respect des formes juridiques propres à chaque pays. Le communiqué du quai d’Orsay est très clair, s’il émet des doutes sur la validité du décompte des voix, il appelle au respect des procédures gabonaises et demande en fait à l’opposition de rentrer dans le rang.

Les secondes sont politiques : au-delà des grands sommets mondiaux confiés à Richard Attias, qui sont venus rythmer l’ouverture économique du pays aux investisseurs internationaux, les Gabonais attendent des résultats concrets, perceptibles sur leur quotidien. Cela impose une gestion plus attentive du budget de l’Etat, une plus grande efficacité dans l’action gouvernementale.

Ali Bongo est maintenant au pied du mur : le boulet est passé tout près. Et il se retrouve seul. Il n’a plus à ses côtés le fidèle et redouté « deus ex machina » de la politique gabonaise, son directeur de cabinet Maixent Accrombessi Nkani, victime d’un accident vasculaire cérébral, hospitalisé au Maroc à l’Hôpital Royal de Rabat, là même où était décédée, le 14 mars 2009, Edith Lucie Bongo, fille de Denis Sassou N’Guesso, épouse adorée d’Omar Bongo.

Ali Bongo se retrouve seul, très seul, dans un paysage politique dévasté, dont les ténors et les vieux barons se sont éparpillés. Il va devoir prendre en main les dossiers, quitter ses habitudes sympathiques et débonnaires, revêtir son costume d’homme d’Etat. Il l’a voulu, contre vents et marées, il a gagné. Mais il n’aura pas d’état de grâce, pas de répit, pas de temps de repos. Il va devoir prouver très vite, par l’action, sa légitimité.

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