Au Gabon, le décompte de la Commission électorale laisse entendre que le Président sortant Ali Bongo l’a emporté face à Jean Ping. Le gouvernement met en garde l’opposition, tout en tentant de recadrer l’Union Européenne.
Au Gabon, le décompte de la Commission électorale tire à sa fin et laisse entendre que le Président sortant Ali Bongo l’a emporté face à Jean Ping, accentuant la tension dans ce pays d’Afrique Centrale. Selon Reuters, une source haut placée au sein de la commission et un représentant de l’opposition supervisant le décompte ont confirmé que les chiffres compilés après le dépouillement de l’ensemble des bulletins de vote de l’élection présidentielle du samedi 27 août 2016 donnaient Ali Bongo vainqueur avec 49,85% des voix contre 48,16% à Jean Ping.
Alors que la commission devait initialement proclamer les résultats officiels mardi soir, elle était toujours réunie à huis clos, ce mercredi 31 août 2016, et les résultats qui ont fuité sont donc encore susceptibles de changer. Paul Marie Gondjout, représentant de Jean Ping devant les bureaux de la commission, a déclaré à Reuters que « c’est une mascarade », ajoutant que l’opposition a réclamé un nouveau décompte dans la province natale d’Ali Bongo, le Haut-Ogooué, où le taux de participation a atteint 99,98%, contre moins de 60% dans l’ensemble du pays.
Mardi 30 août 2016, l’opposition avait indiqué que son candidat était en tête du scrutin avec 59% des voix contre 38% à Ali Bongo, alors qu’il ne manquait plus que les résultats d’une province sur neuf, celle du Haut-Ogooué. Annonce qui avait aussitôt été qualifiée de « tentative de déstabilisation » par le pouvoir. Le camp du Président Ali Bongo s’est dit confiant dans le résultat du scrutin et a rappelé plusieurs fois que diffuser d’autres décomptes que celui de la Commission électorale était « illégal ». Dans un communiqué lu par plusieurs responsables sur les antennes de la télévision nationale, le gouvernement a indiqué qu’ « après l’annonce du résultat, nous communiquerons ces éléments aux autorités judiciaires gabonaises ».
Lundi 29 août 2016, la mission d’observateurs de l’Union Européenne a dénoncé un « manque de transparence » au sein des institutions organisant le scrutin et a déclaré qu’Ali Bongo avait bénéficié d’une préférence dans l’accès aux ressources financières et aux médias. L’Union Européenne a par ailleurs demandé à la Commission électorale de « rendre publics les résultats détaillés de chaque bureau de vote » et appelé les protagonistes à maintenir le calme dans le pays. Position de l’UE dénoncée par les autorités gabonaises qui ont dénoncé une « ingérence étrangère ». Le porte-parole du Président Ali Bongo a martelé que le pouvoir a « noté que la mission (d’observateurs) avait outrepassé son mandat. La mission recherchait des choses qui n’ont rien à voir avec ce scrutin ».
