Le Gabon franchit une étape importante dans son processus de transition politique. Le lundi 20 janvier 2025, le Parlement de transition a adopté un nouveau code électoral. Cet acte souligne la volonté de réformer le système électoral du pays après le coup d’État de 2023. Ce texte, bien que controversé, a pour but de poser les bases d’un retour à un régime civil et démocratique, après plusieurs mois de gouvernance militaire.
Le projet de loi, qui a été voté à l’unanimité par l’Assemblée nationale et le Sénat, a fait l’objet de discussions pendant plusieurs jours. Ce texte, qui comporte 383 articles, a été élaboré par une commission nationale mise en place par le président de la Transition, Brice Oligui Nguema. Ce dernier, arrivé au pouvoir après le renversement du Président Ali Bongo, en août 2023, avait promis de rendre le pouvoir aux civils à l’issue de la transition.
Les principales dispositions du nouveau code électoral
Le vote de ce nouveau code électoral s’inscrit donc dans un calendrier politique bien défini, visant à préparer le pays à des élections transparentes et démocratiques. Le nouveau code électoral marque une étape important dans la politique gabonaise. L’une des réformes les plus notables est la possibilité offerte aux binationaux de se porter candidats à toutes les élections, à l’exception de la Présidentielle. Cela constitue une avancée très importante, notamment pour les Gabonais ayant une nationalité étrangère, qui jusqu’à présent étaient exclus du processus électoral.
Cette mesure pourrait renforcer la participation de la diaspora gabonaise dans la vie politique nationale, une composante importante du pays. En outre, le texte accorde deux sièges de député aux représentants des Gabonais de l’étranger, un geste qui pourrait permettre à cette communauté de mieux s’impliquer dans la politique du pays. Ce changement pourrait aussi marquer une étape importante dans les relations entre les expatriés gabonais et la politique nationale, en leur offrant une représentation officielle au sein du Parlement.
Modification de la composition des candidats admissibles
Le code électoral modifie également la composition des candidats admissibles. Les militaires et magistrats pourront désormais se présenter à des élections sous certaines conditions, une disposition qui suscite une vive polémique. En effet, certains opposants craignent que cela ne permette à ces groupes professionnels d’interférer dans le processus politique, que ce soit par le biais de décisions judiciaires biaisées ou de l’utilisation de l’armée pour influencer les résultats électoraux.
Cette mesure a donc fait l’objet de nombreuses critiques de la part des détracteurs du gouvernement de transition, qui jugent ces modifications comme potentiellement dangereuses pour la stabilité politique du Gabon. Un autre point qui fait débat est l’exclusion des binationaux pour la Présidentielle. Bien que cette règle soit conforme aux pratiques de nombreux autres pays, elle a des implications considérables pour l’inclusion des Gabonais à double nationalité, qui restent exclus de la plus haute fonction du pays.
Une réforme contestée mais… nécessaire
Jean-François Ndongou, président de l’Assemblée nationale de transition, a salué cette réforme comme un pas en avant dans la création d’un système électoral plus transparent et équitable. Selon lui, le texte vise à garantir des élections libres, transparentes et démocratiques, capables de restaurer la confiance des Gabonais dans leurs institutions politiques. Cependant, les opposants au régime militaire dénoncent plusieurs aspects du texte, notamment la possibilité pour les militaires et magistrats de participer aux élections, mais aussi des ajustements qui pourraient favoriser le maintien du pouvoir en place.
Certains analystes estiment que ces réformes sont conçues pour préparer Brice Oligui Nguema à se présenter à la Présidentielle de 2026, une hypothèse qui fait grincer des dents au sein de l’opposition. Il est à noter que ce code électoral est la dernière étape avant la mise en place d’un cadre électoral pour les élections futures. En septembre 2024, le Parlement de transition a déjà adopté une nouvelle Constitution, validée par référendum en novembre de la même année.